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Bobo Dioulasso : 80 ans après sa création, le lycée Ouezzin Coulibaly en quête d’un nouveau souffle

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Lundi 2 octobre 2023, c’est la rentrée des classes au Burkina Faso. Le lycée Ouezzin Coulibaly (LOC) de Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du pays, s’éveille de nouveau. Dans la cour de cet établissement public, l’ambiance est joyeuse. Les anciens camarades de classe se font des accolades. Mais derrière ces retrouvailles se cachent les maux qui minent ce lycée. Reportage.

Par Kapidougou, correspondant Houet

«Pendant deux lunes toutes entières, la petite école a dormi », pour ainsi paraphraser l’écrivain français Victor Hugo. Mais ce lundi 2 octobre 2023, les 4500 élèves du lycée Ouezzin Coulibaly lui redonnent vie sur fond de regain d’activités scolaires.

80 ans après sa création, il ploie sous le coup de la vétusté de ses bâtiments et de l’indiscipline malgré ses résultats flatteurs des examens de fin d’années.

Ainsi, c’est avec émotion que Brice Kientega, 14 ans, élève en classe de 5e exprime sa joie :«Je suis content de retrouver mes camarades et mes professeurs. Mon père a fréquenté ici. Il a 60 ans aujourd’hui. Il m’a conseillé de bien étudier car c’est un bon établissement» se convainc le jeune élève.

Brice Kientega, 14 ans, élève en classe de 5e

Quant à Safiatou Zeba, en classe de 4è, elle explique que c’est un plaisir et même un privilège pour elle de fréquenter le lycée Ouezzin Coulibaly.  Mais , subitement, elle marque une pause comme pour reprendre des forces.

Puis, elle déclare mélancolique :«ce qui m’attriste et que je déplore, c’est le comportement de certains de mes camarades. Ils ne respectent pas les professeurs, ils les insultent et les agressent même parfois. Il y a trop de banditisme ici».

Ce qui du reste n’est pas faux. Avec ses 4500 élèves, le lycée Ouezzin Coulibaly qui porte le nom du premier vice-président du conseil du gouvernement de Haute Volta file le parfait amour avec l’indiscipline.

Abdoulaye Sanogo, l’un des censeurs de ce lycée, qui a passé 20 ans au poste, confirme : «les cas d’indiscipline les plus fréquents sont les agressions, les vols, les destructions de biens publics et surtout la tricherie. Avec l’avènement des téléphones portables, ce phénomène est très développé».

Abdoulaye Sanogo, l’un des censeurs du lycée Ouezzin Coulibaly, qui a passé 20 ans au poste

Une situation que déplore également certains anciens élèves de ce lycée qui sont aujourd’hui des cadres dans l’administration. Deux d’entre eux se prononcent.

Eli Dafrassin Sanou, de la promotion 1983, actuellement enseignant en service à la direction provinciale en charge de l’éducation du Houet se désole :«(…) Je n’ai jamais vu un élève manquer du respect à un enseignant. A notre temps, l’enseignant était pour nous un père intellectuel. Ce n’est plus le cas aujourd’hui ».

Abdoulaye Millogo, un autre ancien du lycée Ouezzin Coulibaly est de la promotion 1986. Aujourd’hui, Chef service de l’administration des finances au CONASUR fustige le comportement des élèves du lycée : « nos encadreurs nous ont enseigné des valeurs telles que l’abnégation, le respect et le courage. On n’avait pas le choix que d’être très assidu». Il ajoute que ce sont des valeurs qu’il continue de transmettre à ses enfants.

Quelle solution contre l’indiscipline?

Afin de faire face à l’indélicatesse des élèves, les responsables du lycée ont pris des mesures comme le conseil de discipline. «Lorsqu’il y a un cas d’indiscipline, un rapport est fait de sorte à traduire l’élève devant le conseil de discipline», informe le censeur.

En tout cas, le nouveau proviseur, Mamadou Simboro, garde espoir. Nommé en septembre 2023, il indique que :«diriger le plus grand lycée du Burkina relève d’une lourde responsabilité».

En effet, il explique :«c’est un lycée historique qui a formé de nombreux cadres sur le plan national et même international. Feu Thomas Sankara et Alassane Ouattara, l’actuel président de la Côte d’Ivoire ont obtenu leur BEPC ici ».

Pour relever le challenge qu’impose un tel lycée et maintenir le cap de l’excellence, le proviseur entend tout mettre en œuvre en ne laissant aucune place à l’indiscipline. Ceci, dit-il, en vue de permettre le bon déroulement des activités pédagogiques. «Quand le travail est bien organisé, il n’y a pas assez d’espace pour le désordre »,se convainc-t-il.

Le nouveau proviseur du lycée Ouezzin Coulibaly, Mamadou Simboro, garde espoir

L’autre mal de ce lycée, c’est la vétusté de ses locaux. La plupart des bâtiments sont vieux de plus de 70 ans, donc dans un état de délabrement.

«Aujourd’hui, le LOC est devenu poreux. Des pans du mur de clôture sont tombés et des gens  traversent comme ils veulent, chose qui rend difficile la gestion autour des classes » fait observer le censeur Abdoulaye Sanogo qui rassure que la rénovation est prévue par le gouvernement et qu’une équipe est déjà passée pour des études de faisabilité.

Des résultats flatteurs comme au temps jadis

Sur le plan des résultats scolaires, les responsables du lycée se félicitent de ses taux de réussite aux examens. «C’est un établissement qui est grand et les résultats vont avec sa grandeur. Les résultats ont toujours été au-dessus des moyennes nationales au BEPC comme au baccalauréat » se réjouit Abdoulaye Sanogo.

Des élèves dans la cour du lycée Ouezzin Coulibaly à Bobo Dioulasso

80 ans après, le lycée Ouezzin Coulibaly vit et continue de briller sur le plan de la qualité de l’enseignement. C’est en cela que la jeune élève en classe de 4è, Safiatou Zeba a dit que c’est un privilège pour elle d’étudier dans un tel établissement scolaire.

En somme le lycée Ouezzin Coulibaly a un passé glorieux. De célèbres personnalités comme feu Thomas Sankara, l’actuel président de la Côte d’Ivoire Alassane Ouattara, l’ancien ministre des sports Toudoum Sessouma, M. Alexandre Yougbare, actuel Dg des sports et Ousmane Zoungrana qui fut un des meilleurs joueurs de l’ASFB ont étudié dans ce lycée, selon Abdoulaye Millogo, de la promotion 86.

Aujourd’hui, le lycée Ouezzin Coulibaly qui a tant donné à la ville de Bobo Dioulasso et  au Burkina a besoin d’un coup de neuf.

Lire aussi: Burkina, le proviseur et l’intendant du lycée Ouezzin Coulibaly de Bobo devant la justice pour « enrichissement illicite»

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