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Mali : victime du trop d’influence de l’Imam Mahmoud Dicko ou de la faillite de la classe politique ?

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La situation socio-politique au Mali s’est durcie le vendredi 5 juin avec la grande mobilisation des partisans de l’Imam Mahmoud Dicko. Une situation qui inquiète, même au-delà des frontières du Mali, au regard du contexte d’insécurité transfrontalière entre les pays de la bande sahélo-saharienne. En tout cas, la démission du président Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK), comme le souhaite l’Imam Dicko et ses camarades, risque d’embraser la zone de Liptako Gourma déjà très fragilisée par l’insécurité. En attendant, le président IBK doit très vite se pencher sur les problèmes soulevés par les manifestants, s’il n’est pas trop tard.

Par la Rédaction

L’Imam Mahmoud Dicko et ses camarades exigent la démission pure et simple du président IBK qu’il a pourtant aidé à accéder au pouvoir en 2013. Une revendication qui semble rencontrer l’assentiment de plusieurs Maliens. Du reste, des milliers de Maliens sont mobilisés derrière l’Imam qui n’est visiblement pas prêt de fléchir. Ce qui montre naturellement que la classe politique, surtout l’opposition, a failli à ses missions à tel point qu’un leader religieux se sente obligé de se substituer à des hommes politiques. Ces mobilisations de protestations arrivent à un moment où le régime d’IBK est à la croisée des chemins. Les populations perdent de plus en plus confiance au gouvernement, le terrorisme a atteint un niveau indescriptible, la corruption a fait son lit dans l’administration publique, la justice fonctionne au ralenti, la vie chère continue de hanter le quotidien des Maliens, l’éducation est moribonde de même que la santé. Les querelles politiques demeurent avec en fond de toile la contestation des résultats des élections législatives, le chef de file de l’opposition Soumaila Cissé reste pour sa part en otage entre les mains des terroristes. C’est tout un chapelet de problèmes aussi objectifs que criards qui peuvent faire tanguer, voire couler, un régime en perte de vitesse.

L’ensemble de ces problèmes concourent à la faveur d’une gigantesque mobilisation dans les rues de Bamako. Chaque manifestant arrive dans la foule avec ses revendications propres à lui, c’est donc un cocktail explosif de problèmes. Cependant, combien de temps va durer ce mouvement de contestation ? Déjà IBK n’a pas respecté le premier ultimatum qui lui a été donné le 5 juin pour démissionner à 18h00. Face à cet état de fait, les organisateurs bandent à nouveau les muscles même si le pouvoir dans un communiqué félicite les manifestants pour leur discipline et appelle au dialogue.

L’Imam Mahmoud Dicko, va-t-il procéder, comme en Algérie et en Egypte où les populations manifestaient tous les vendredis jusqu’à obtenir des autorités le renoncement au pouvoir ? Ce n’est pas exclu, car l’ancien président du Haut Conseil Islamique du Mali semble déterminé à renverser le locataire du palais de Koulouba. L’ambition de Mahmoud Dicko est clairement affichée : prendre le pouvoir par la rue.

Placer par-dessus tout, l’intérêt supérieur du Mali et de la sous-région

Cependant, plusieurs Maliens restent réservés sur cette lancée, car pour eux, l’Imam Mahmoud Dicko est très proche des salafistes et de Iyad Ag Ghali, le principal chef d’Ansar Dine. Du reste, il fait partie de ceux qui sont partants pour une négociation avec les groupes terroristes. L’on se souvient encore qu’il était le patron de la commission des bons offices, créée par l’ancien Premier ministre Abdoulaye Idriss Maïga et chargée d’entrer en contact avec les groupes armés et négocier. Ce qui est hors de question pour nombre de citoyens maliens. L’Imam Mahmoud Dicko est aussi accusé d’être un radicaliste ; ce qui s’oppose au caractère laïc de la République que défendent bon nombre de Maliens. Au risque de glisser vers une nouvelle forme de République, cet aspect pourrait jouer en défaveur de l’Imam Mahmoud Dicko.

Un autre point qui pourrait aussi jouer en défaveur de l’Imam Mahmoud Dicko, c’est bien le ralliement des anciens ministres de IBK notamment Choguel Kokalla Maiga, ancien ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, pire Mohamed Bathily, ancien ministre de la justice accusé d’être très arrogant quand il était encore aux affaires. Ces figures controversées peuvent jouer sur l’avenir de la manifestation pour le départ du président IBK. Cependant, le cinéaste Cheick Oumar Sissoko peut être un atout au regard de sa crédibilité et de l’exemplarité dont il a fait preuve à la tête du ministère de la culture de 2002 à 2007.

Ces acteurs, quoique dénonçant des maux réels, exposent le Mali a un danger qui sera pire que le départ d’IBK. Les guéguerres qui suivront inévitablement ce départ vont fragiliser et même plonger le pays dans une crise institutionnelle des plus complexes. Le moins que l’on puisse présager, c’est que si le Mali tombe actuellement dans une fragilisation sur les plans politique et institutionnel, sa disparition en tant que République laïque sera inévitable. Pire, si les institutions républicaines du Mali venaient à connaitre un changement brutal de fonctionnement, la stabilité de la sous-région ouest-africaine sera sensiblement affectée.

Il est plus qu’urgent que le gouvernement fasse prévaloir le sens du dialogue. Dans ce sens, aucun sacrifice ne doit être considéré comme étant de trop. En tout état de cause, les différents acteurs doivent s’imposer l’obligation de placer par-dessus tout, l’intérêt supérieur du Mali et de la sous-région ouest-africaine qui peinent déjà à consolider leur stabilité.

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