La province du Sourou plus précisément la ville de Tougan connaît depuis quelque temps un manque de produits pharmaceutiques liée, en partie, au blocus de la province par des groupes armés terroristes. Les populations ont des difficultés pour évacuer les malades. Elles sont aussi confrontées au manque de certains produits pharmaceutiques.
Par Brice Alex, Correspondant dans le Sourou
À Tougan, dans la zone du Sourou, la fréquente pénurie des produits pharmaceutiques et les difficultés d’évacuation des patients hors de la province, en raison de l’encerclement de la ville par les groupes armés terroristes, engendrent des conséquences assez pénibles.
Malades et personnel soignant ont des soucis pour se procurer des produits. Moussa, que j’ai rencontré, dit souffrir de l’hypertension artérielle.
Sur son visage, on pouvait lire le mot : «désespoir». Il m’explique qu’il lui est difficile de se procurer certains produits sur place, à Tougan. Pire, il affirme ne plus pouvoir se rendre à Dédougou, chef-lieu de la région de la Boucle du Mouhoun pour ses examens médicaux.
Son témoignage est le suivant : « J’ai été référé à Dédougou pour mes soins. Je m’y rendais tous les mois. Mais, maintenant, avec le blocus, je ne peux plus y aller. Mes examens ne se font pas ici à Tougan. Je n’arrive plus à avoir tous les produits, ici, à Tougan. Souvent, par contrainte, on est obligé de faire une commande au niveau de Toma, dans la province du Nayala.»
Moussa, visiblement inquiet pour son état de santé, continue ses explications en ces termes : « Il y a deux semaines, j’ai été à la pharmacie du Sourou pour acheter mes produits ; et beaucoup n’y étaient pas disponibles. J’ai dû les faire acheter par un ami qui réside à Toma ; il a pu me les envoyer par un convoi.»
Après m’être entretenu avec Moussa, je me suis rendu à la pharmacie du Sourou pour constater qu’effectivement, des produits pharmaceutiques manquaient dans cette pharmacie. J’y ai trouvé un des responsables, un pharmacien, qui semble, lui aussi, être dépassé par ce qui arrive.
A peine avons-nous commencé à discuter, qu’il fait remarquer que la situation est assez sérieuse : « La situation est très difficile, même dramatique. Nous sommes sous blocus. Sans convoi, les produits ne peuvent pas arriver.» , explique un pharmacien
Il ajoute que «dans le temps, nous commandions les produits et ils étaient acheminés par les véhicules de transport en commun. Mais, le trafic routier étant arrêté en raison de la crise, les cars n’arrivent plus à Tougan, et nous sommes obligés de commander les produits pour les stocker à Toma, et attendre un convoi pour faire parvenir les produits ici à Tougan.»
«Mais on peut faire dix jours, voire plus, sans convois. Étant donné que les produits sont écoulés tous les jours, nous sommes régulièrement en manque de produits (génériques comme spécialités)» m’explique-t-il.
Au Centre médical avec antenne chirurgicale de Tougan, un médecin généraliste m’explique que trouver certains produits importants relève du parcours du combattant.
«Nous traversons actuellement une période très difficile. Le CMA est le centre de référence de toutes les formations sanitaires périphériques du district sanitaire de Tougan. Nous nous retrouvons sous blocus et les approvisionnements deviennent difficiles à trouver, notamment les médicaments et produits sanguins labiles» explique un médecin généraliste au CMA de Tougan.
Selon ce médecin généraliste : «A cela s’ajoutent les difficultés d’évacuation des malades alités ; la prise en charge devient de plus en plus compliquée ; la qualité des soins a également pris un coup. Les évacuations de niveau périphériques vers le CMA sont aussi impossibles actuellement du fait du blocus terroriste»
Il explique à Libreinfo.net que la maternité est l’endroit où le plus souvent, le besoin d’évacuation est le plus pressant : « Puisque les produits sanguins et pharmaceutiques manquent souvent du fait qu’on ne peut pas approvisionner la ville par voie terrestre.»
Ce médecin lance un appel aux autorités et à toutes les bonnes volontés à soutenir le personnel médical. Il ne manque pas de souligner l’accompagnement des forces de défense et de sécurité, et aussi des partenaires qui œuvrent dans l’humanitaire.
«Des efforts sont faits, des partenaires nous aident souvent avec des vols pour livrer les produits. Nous lançons un appel à toute personne, les partenaires et les autorités qui peuvent nous aider, surtout pour les évacuations. Et si l’on pouvait organiser des convois spécialement pour la santé».
Un chauffeur et son apprenti transportant des produits pharmaceutiques à destination de Tougan avaient trouvé la mort au cours du mois de mars dernier, à hauteur du village de Zaba, dans la province du Nayala, sur l’axe Tougan-Dédougou du fait des groupes armés terroristes. Signe qu’il est difficile d’approvisionner cette partie du Burkina qui subit de plein fouet, les affres du terrorisme.