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Économie: « On ne peut pas envisager créer notre monnaie et demeurer dans l’UEMOA, il faudrait choisir », Mélégué Traoré

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Mélégué Traoré est un diplomate, ancien Président de l’Assemblée nationale du Burkina Faso et analyste politique. Dans une interview accordée à Libreinfo.net sur le retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Cedeao, il donne son avis aussi sur la probable monnaie de l’Alliance des États du Sahel (AES). Libre info vous propose cet extrait.

Libreinfo.net : De plus en plus, les pays de l’AES réfléchissent à une monnaie commune. Quelle est l’opportunité d’une nouvelle monnaie ?

Mélégué Traoré : Une monnaie commune propre à l’AES ? Pour parler franc, pour moi, ce ne serait, ni avisé, ni opportun. Mais si les gouvernements le décident, cela peut probablement se faire, et ça risque de se faire.

Toutefois, les exemples que nous avons vécus en Afrique depuis l’indépendance, doivent nous amener à être prudents, aussi bien l’élite que les gouvernants. Le Mali avait quitté le CFA et créé sa propre monnaie jusqu’aux années 70, mais où est-ce que le franc malien est passé finalement ?

Mon village Kankalaba, est à 35 km de Sikasso sur notre frontière avec le Mali. Mais les Maliens ont beaucoup regretté après d’avoir créé leur monnaie. De plus, ils ont eu beaucoup de difficultés pour revenir au CFA.

Je l’ai vécu, étant à l’école primaire et au collège. Avoir sa monnaie suppose des fondamentaux solides, car la monnaie est fondée toujours sur une masse d’or. Mais surtout, sur de la puissance économique effective, ce qui n’est pas le cas de nos trois États.

Avoir des mines d’or ne signifie pas qu’on détient une masse d’or suffisante pour faire fonctionner durablement une monnaie. Je ne sais pas ce qui va se passer, mais ce que vous dites, pose la question de notre présence dans l’UEMOA. Parce que pour ce qui est de l’assiette géopolitique, l’organisme qui est le plus important pour le Burkina, c’est l’UEMOA, ce n’est pas la CEDEAO.

Or, personne ne dit qu’on va quitter l’UEMOA dont la monnaie est le CFA même s’il y a ici ou là des supputations. Attendons de voir venir…, On ne peut pas envisager créer notre monnaie et demeurer dans l’UEMOA. Il faudrait choisir. Là encore, il y aurait un défi redoutable.

Libreinfo.net: Le siège de l’UEMOA se trouve au Burkina. Est-ce que quitter cette institution, ce n’est se tirer une balle dans le pied?

Mélégué Traoré : Personnellement, je ne souhaite pas qu’on le fasse, et je ne crois pas qu’on va le faire. Mais aujourd’hui, tout est possible. Pour un pays comme le Burkina, plus il a des articulations avec les autres États, mieux cela vaut.

L’un des principaux atouts du Burkina Faso, en termes de diplomatie, comme en matière d’économie et de commerce, c’est notre centralité spatiale au cœur des articulations en Afrique de l’Ouest.

C’est pourquoi, quelle que soit la décision qui sera prise en définitive par les gouvernements, il faut gérer intelligemment l’espace qui existe entre nous et les autres pays de la CEDEAO.

Quand vous regardez celle-ci, il n’y a pas d’incompatibilité fondamentale entre son existence et celle de l’Alliance des États du Sahel. On peut imaginer que l’AES existe à l’intérieur de la CEDEAO.

Dans les cinq grandes sous-régions d’Afrique, il existe de tels organismes sub-régionaux un peu partout, en Afrique Centrale, en Afrique Australe et en Afrique de l’Est. Pourquoi pas en Afrique de l’Ouest.

La tendance actuelle dans le monde, celle qui est la plus fructueuse pour les États, c’est plutôt les regroupements ; la fusion et non l’inverse la fission. Sincèrement, je pense qu’on doit trouver les fameux mécanismes dont je parle et discuter avec les autres pays.

Quelque soit le scénario qui sera retenu, on est obligé de trouver de tels mécanismes si on veut survivre en tant qu’État et nation.

Lire l’intégralité de l’interview en cliquant sur ce lien: retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Cedeao, ce que pense Mélégué Traoré

www.libreinfo.net

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