Dans la Biographie de Thomas Sankara. La patrie ou la mort… L’histoire du capitaine politique se confond à l’histoire du Burkina Faso.
L’auteur a fait un grand effort d’une grande revue de littérature qui lui permet de faire des va et vient entre la vie du président Thomas Sankara et le processus politique qui a mené la Haute-Volta jusqu’au changement de son nom au Burkina Faso.
Que des leçons d’histoire en plus de l’évolution du leader de la Révolution d’Août 1983 de son enfance, à l’adolescence jusqu’à ce qu’il se décide de franchir le rubicond en politique.
Jaffré lui-même ne manque pas de conter comment il a connu le Burkina Faso et pourquoi il a accepté de travailler dans un Ministère sous la Révolution sans demander de contrepartie en terme de statut.
Sa proximité avec certaines personnalités du Parti Africain de l’indépendance (PAI) et son passé de militant dans le parti communiste Français qui lui avait permis de rencontrer le président du Conseil national de la Révolution dans le cadre d’un reportage pour le journal de ce même parti communiste.
Celui qui a ouvert les yeux du président Thomas Sankara à la lutte de classe, c’est Adama Touré dit Lénine, professeur d’Histoire-Géographie, directeur des études du Prytanée militaire de Kadiogo (PMK) pendant les années de lycée du président Sankara dans cet établissement.
La trame de son éducation politique de sa tendre jeunesse, c’est aussi les années Madagascar. Bruno Jaffré nous indique par les informations qu’il donne et le travail effectué sous la Révolution dans certains secteurs d’activité que le président Thomas Sankara avait été influencé par la Révolution Malgache lors de son séjour dans ce pays.
La Révolution Malgache
Au cours de la dernière année de son séjour à Antsirabé, Sankara effectue un stage au sein des unités du service civique. Création originale de l’armée malgache sous l’impulsion du général Ratsivalaka, ce type de service militaire permet à l’armée de jouer le rôle d’acteur du développement.
C’est ainsi qu’il existe deux types de militaires dans ce pays à cette époque, les bérets rouges, les unités combattantes, et les bérets verts qui produisent, cultivent et encadrent les paysans. Très intéressé, Sankara entreprend des démarches pour pouvoir effectuer une visite»
Il découvre pendant son séjour, l’une des tâches de l’Armée dont il ignorait l’intérêt pour les masses laborieuses. « Il constate tout au long de cette année supplémentaire, avec le plus grand intérêt, une fonction de l’armée encore inconnue pour lui qui l’interpelle particulièrement. »
Il constate également: «les jeunes paysans effectuent leurs services militaires dans un rayon de cinquante kilomètres autour de chez eux et ne considèrent donc pas cette année comme une perte, d’autant plus qu’ils en reviennent plus armés face aux difficultés qu’ils affrontent dans leur vie quotidienne.»
Dans la même perspective: «La journée y est bien remplie : le matin, des activités de sensibilisation au civisme ou au développement, on apprend notamment aux paysans à améliorer leur technique de production, et l’après-midi, la formation militaire.»
De plus, il note: «Les unités de service civique disposent aussi de postes de santé et participent à l’alphabétisation. L’objectif est qu’à la fin du service civique, les paysans soient capables d’écrire une lettre. On projette même de temps en temps des films dans les villages. Tout cela le passionne. Il doit encadrer la formation militaire et on lui adjoint un interprète pour communiquer avec les paysans, son dynamisme le rend vite assez populaire.»
Déjà curieux, il s’intéresse aux techniques dans l’agriculture. Durant cette année, il effectue plusieurs séjours prolongés, dont un dans le grand sud où le climat est très sec, proche de celui du Burkina. Cette expérience aura incontestablement une influence lorsqu’il entreprendra, une fois au pouvoir, de transformer l’armée.
Le socialisme malien
Son amitié avec le couple Sidibé, Lassina l’époux qu’il considère comme un grand frère. Son épouse Harry, une malgache dont il porte en estime avaient tout le reste de sa vie fait partie de ses plus proches amis. Lassina ayant vécu le socialisme malien lui racontait l’exploit de la politique de Modibo Keïta de même que ses erreurs.
Le président Sankara est subjugué par la musique mandingue. Lassina ne manque pas de traduire les paroles des grands griots comme Sory Kandia Kouyaté qu’il écoute avec intérêt.
Le retour de l’enfant prodige son influence dans l’armée, son exploit pendant la guerre du Mali avec sa compagnie Baïlo en 1974, son acceptation du poste de secrétaire d’Etat à l’Information à son corps défendant sous le Comité militaire de redressement pour le progrès national (CMRPN) sont consignés avec détail dans l’ouvrage Biographie de Thomas Sankara. La patrie ou la mort…
Le coup d’Etat du Conseil provisoire du salut du peuple (CPSP), sa nomination à la primature sous le même régime, le bicéphalisme que le poste a engendré et la crise qui a occasionné l’avènement du 4 Août 1983 sont écrits avec précision dans ce livre biographie.
Enfin les 4 années de Révolution, les flux et les reflux du processus, les malentendus, l’intrusion des forces rétrogrades et la date fatale du 15 Octobre 1987 sont passés au peigne fin.
Ne faites pas l’économie de la lecture de ce livre. Il fait partie des meilleurs ouvrages qui permettent de connaître davantage l’Homme Sankara.