L’adjudant-chef Alizeta Kinda du Burkina Faso a reçu le 31 août 2022, le prix de la femme policière de l’année des Nations unies. Le 6 septembre 2022, il a plu à cette policière de la Minusma, de s’entretenir avec des journalistes burkinabè par visioconférence. Au menu des échanges, le travail qui lui a valu cette distinction, ainsi que son engagement en faveur de la lutte contre les violences basées sur le genre au Mali.
Par Nicolas Bazié
Sa contribution « exceptionnelle » aux opérations de paix des Nations Unies et dans la promotion de l’autonomisation des femmes ainsi que les violences basées sur le genre a marqué plus d’un, et l’ONU l’a même reconnu. C’est ainsi que l’adjudant-chef Alizéta Kinda, est honorée avec le prix de la femme policière 2022 des Nations unies.
Tout a commencé à Ménaka, une ville éprouvée par le terrorisme et située dans le Nord du Mali. Dans cette zone en guerre, Alizeta Kinda est point focal des Nations unies chargé du genre.
« Quand j’ai été déployée à Menaka, je me suis efforcée à faire des formations et des séances de sensibilisation surtout avec les jeunes filles, sur les violences sexuelles et sexistes», confie l’adjudant chef.
Elle ajoute que dans cette partie du Mali, les femmes n’étaient pas indépendantes. « J’ai eu donc l’idée d’amener les femmes à confectionner également des sacs pour qu’elles puissent subvenir à leurs besoins et surtout s’occuper des scolarités de leurs enfants», dit-elle.
Le travail ne sera pas facile, parce qu’on a fait comprendre à cette policière des Nations Unies que Ménaka vient de sortir d’une guerre et si l’on voit la MINUSMA dans une école avec les élèves, cela deviendra autre chose.
Or, elle dit comprendre que pour changer les mentalités sur la question des violences sexuelles, il faut commencer par sensibiliser les jeunes filles. Elle prend ainsi à bras le corps son projet sur la sensibilisation des jeunes filles.
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Faut-il préciser que la carrière de l’adjudant-chef Kinda s’est concentrée sur la protection et la promotion des droits des femmes et des enfants, notamment entre 2013 et 2015, lorsqu’elle était le point focal genre au sein de la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUSCO). « Notre souhait c’est que la paix revienne dans les pays en proie au terrorisme », a-t-elle fait savoir.
Au regard de tout cela, l’ONU a jugé utile de reconnaître les mérites de cette dame dans ce qu’elle fait, en plus du maintien de la paix. Le 31 août, elle est reçue au siège de l’organisation internationale à New York aux États-Unis d’Amérique.
« J’étais très heureuse de me retrouver aux Nations unies pour recevoir mon prix. C’était un sentiment de fierté pour moi que l’on ait reconnu mon travail dans la promotion des droits des femmes et des enfants à Ménaka, au Nord du Mali», a-t-elle déclaré.
« Le prix va à l’endroit de toutes les femmes…»
Le Lieutenant Véronique Ouoba, point focal des Nations unies chargé du genre dans la Région de Gao au Mali, reconnaît le travail de sa compatriote Alizeta Kinda.
Elle confie: « Elle a fait honneur à sa famille et au Burkina Faso. Le prix va à l’endroit de toutes les femmes. Nous demandons aux femmes d’emboîter les pas de madame Kinda».
Dans sa zone, madame Ouoba travaille sur les violences basées sur le genre, les mariages précoces et les viols. « Nous sensibilisons les élèves dans les écoles sur les violences sexistes et sexuelles», indique le lieutenant de police.
Selon elle, les femmes ont besoin de s’exprimer, mais elles ont peur des hommes de tenue de la Minusma. A contrario, elles se confient facilement aux policières. Ce qui facilite le combat des femmes de tenue.
Et de conclure en ces termes : « Toutes nos missions tournent autour de la recherche de la paix. Ainsi, le Mali et le Burkina Faso doivent se mettre ensemble pour lutter contre le phénomène du terrorisme. Ce ne sont pas seulement les hommes de tenue qui doivent le faire mais tout le monde», a indiqué le Lieutenant Véronique Ouoba.
Le prix peut vous ouvrir d’autres portes
Pour mener ce type de combat, il faut d’abord prendre en compte le contexte, le milieu avant de parler de sécurité, a fait comprendre Mamounata Ouédraogo, contrôleur général de police et cheffe adjointe de la police des Nations unies (UNPOL).
A ses dires, Alizeta Kinda a dû adopter ces stratégies pour mieux avancer. Ce qui est à féliciter lance le contrôleur général de police.
Cette reconnaissance au niveau international, si on croit la cheffe Mamounata Ouédraogo, sous-entend qu’il y a eu plusieurs missions qui ont competit, et ce sont les qualités de l’adjudant chef Alizeta Kinda qui ont été reconnues. « Cela peut vous ouvrir d’autres portes , ce prix peut l’aider à réaliser ses ambitions», soutient-elle.
A noter que le prix de la femme policière de l’année des Nations unies est composé d’un certificat et d’un trophée.
Le Prix de la femme policière de l’année des Nations Unies a été créé en 2011, pour reconnaître les contributions exceptionnelles des femmes policières dans les opérations de paix de l’ONU et pour promouvoir l’autonomisation des femmes.