Janvier est le mois redouté de l’année par plusieurs personnes. La raison est que des gens se retrouvent la poche vide, dans une galère après les fêtes, et c’est le cas à Ouagadougou. Qui parle de fête de fin d’année parle des dépenses anarchiques au cours de ces moments. Et nombreuses sont ces personnes à débourser de grosses sommes sans compter pour cette cause. Ainsi, après les fêtes, ces derniers sont confrontés à la réalité de la vie. Si certains doivent faire face à la galère, d’autres par contre ont pu échapper à cette période appelée «janviose». Le constat de Libreinfo.net dans les artères de la capitale burkinabè le 10 janvier 2023.
Par Valérie Traoré
Dans les rues de la capitale, le constat est évident. La morosité liée au mois de janvier se fait sentir. Comme le dit certains usagers « il n’y a plus de bruit » une expression pour dire qu’il n’y a plus de sortie dans les maquis et d’autres endroits festifs.
Je suis à la patte d’oie, un quartier de la ville de Ouagadougou. Ici, je rencontre M. Fousseni Hema, un propriétaire de kiosque situé au bord d’une ruelle. Il était en pleine discussion avec une cliente venue se procurer du pain. Cette dernière était en train de réclamer sa monnaie de 25f restée la dernière fois auprès du boutiquier.
A côté d’eux un jeune assis le menton dans la paume. Dès que je leur pose la question sur la janviose, M. Hema se propose de répondre. Pour lui, la situation est plus critique au niveau des adultes que chez les jeunes qui ne paient pas de loyer.
« Cette année, la janviose est plus accentuée par l’insécurité actuelle, le problème de carburant et de gaz. A cette heure-là, tout le monde crie » dit –il.
« La succession des trois fêtes à savoir le noël, le 31 et le 1er janvier nous amène à dépenser le peu que nous avons pour la famille. Mais les temps ont changé. Comment quelqu’un peut dépenser tout son argent sans réserve à cause d’une fête dans le contexte actuel du pays ? Il n’y a même pas d’argent dans le pays ».
Un moment de silence puis le vieil homme fixe le jeune Alidou assis le menton dans la paume, et affirme « donc si tu n’arrives pas à bien gérer ton argent pendant les fêtes, tu vas bien pleurer dans la période de janviose. Il faut bien serrer la ceinture comme ça tout ira bien » conseille le vieil homme M. Fousseni Hema.
Dans la même ruelle, je retrouve M. Abdoulaye Kaboré en compagnie de ses voisins échangeant devant un garage. A mon arrivée, dès que je pose la question sur la janviose, ils se mettent à rire, et se s’éclipsent, les uns après les autres, tout en affirmant ne pas vouloir s’exprimer.

Mais, M. kabore se prête donc à notre entretien, pour lui tous les mois de l’année font partie de la janviose.
« Moi je vis la janviose du 1er janvier au 31 décembre. Donc votre janviose dont vous parlez, je ne la connais pas. Parce que je ne vais pas me décarcasser pour une ou deux journées et puis galérer tout un mois. Sinon la janviose en tant que telle je la vis tout le temps » martèle-t-il.
Il ajoute: « dans une telle situation, il y a des moments où il n’y a pas de conseil à donner à quelqu’un. Ceux qui dépensent leur argent sans réfléchir comprendront après ».
Mme Aminata Pougnogo est une étudiante, elle fait le commerce en temps partiel. Elle trouve que la janviose est vécue par tout le monde. Selon elle, il faut savoir s’organiser.

« Ce n’est pas simple, après décembre c’est la défaite, mais on fait avec. Sinon que ça ne va pas » relate-t-elle.
Elle poursuit: « Il faut penser à l’après fête, il ne faut pas tout dépenser et se retrouver à demander de l’argent aux autres ».
M. Delcham Bambara prestataire d’entreprise que j’ai rencontré abonde dans le même sens que Mme Aminata Pougnogo. Pour lui, il s’agit d’une question d’organisation.

« La janviose est une question d’organisation parce que les fêtes passent mais les dettes restent. Cela fait que si tu te prépares à toute éventualité il n’y aura pas de janviose. Il faut éviter les dépenses inutiles pendant les fêtes car il peut y avoir beaucoup d’imprévus » raconte-t-il.
Les personnes que j’ai rencontrées disent prier pour la paix au Faso car pour elles, la question sécuritaire a accentué les maux tels que la pauvreté et le manque d’emploi.