Ils sont plus de mille personnes venues des communes de Tongmayel et d’Arbinda le mardi 11 juin 2019. Abandonnant bien et souvenirs ancestraux, fuyant une folie meurtrière dont nul ne connait les tenants et les aboutissants, des “déplacés” (C’est ainsi qu’on les appelle), sont logés depuis trois jours dans la périphérie nord de Ouagadougou au sein d’établissements scolaires de l’arrondissement 9. Bien que bénéficiant de la compassion de certains Ouagalais, les autorités qui sont à leur charge estiment que la localité où ils sont déjà installés n’est pas un site approprié pour les héberger.
Peu avant 10h ce jeudi 13 juin, un véhicule du gouvernement burkinabè transportant des employés du service social de Signonghin s’est rendu sur les quatre sites qui accueillent les déplacés de la commune de Tongmayel.
Ces agents avaient pour mission de convaincre ces déplacés d’aller dans les camps de Barsalgho ou de Foubé dans la région du centre nord.
Avec leur accord, le gouvernement mettra des cars de transport et l’assistance nécessaire à leur disposition pour rejoindre les lieux indiqués.
Les arguments avancés pour convaincre les déplacés étaient que le lieu où ils sont installés n’est pas approprié pour leur hébergement. Il y a jusqu’à quatre sites selon les agents. Ce qui pose des problèmes. Il n y a pas de sécurité sur le site, les enfants sont exposés. Au regard de la saison pluvieuse, il n’ y a pas d’abris pour eux. La dispersion des sites complique le travail de ceux qui sont chargés de l’alimentation,… Les camps de Barsalgho et de Foubé sont donc mieux indiqués pour leur accueil, selon les agents.
«Foubé est à 30 Km de là où nous avons fui» rétorque un vieil homme, la cinquantaine, le regard inquiet et l’air effrayé à l’idée de quitter les nuits calmes de Ouagadougou.
«Nous acceptons de répartir d’où nous sommes venus si on nous garanti un minimum de sécurité » lance un autre visiblement révolté contre cette idées.
«Partir à Foubé, c’est répartir dans la gueule du loup! Madame, mettez-vous à notre place, nous ne voulons pas mourir» s’alarme une dame auprès d’une agente des services sociaux qui tente vainement de la convaincre qu’une équipe des forces de défense et de sécurité est installée à Foubé et que la sécurité est garantie.
Les deux parties se sont quittées peu dans l’après midi sur un désaccord. De leur côté les agents se sont résolus à faire une liste de ceux qui voudront partir en vue de les y amener les jours à venir. Pour la majorité des déplacés, il n’est pas question d’aller à Foubé ou à Barsalgho car l’insécurité y règne.
Nourdine Conseibo
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