Dans son élan de freiner la propagation du Covid-19, le gouvernement a annoncé une mesure imposant le port obligatoire de masques de protection (cache-nez ou bavette) à partir du 27 avril 2020. Une bonne mesure qui vient renforcer celles existantes, mais qui laisse entrevoir des interrogations quant à sa mise.
Par Siébou Kansié
Sur le marché, il y a une multiplicité de cache-nez ou bavettes. Une multiplicité qui a pris son envol avec l’avènement du covid-19 dans le monde. Au Burkina Faso, le cache-nez est de plus en plus prisé. Mais l’on s’inquiète surtout de la qualité, compte tenu de la multiplicité de ces cache-nez sur le marché et aussi, de la confection souvent incontrôlée de ces produits au niveau national.
Ce qui suscite des interrogations sur le type de masque de protection, que le gouvernement entend mettre à la disposition de la population. Est-ce les masques à usage unique ou permanent comme ceux en tissu, lavables et réutilisables ? Si oui, y a-t-il déjà des modèles homologués au Burkina Faso ?
Si ce sont les masques à usage unique et distribués gratuitement, combien chacun recevra-t-il de sorte à pouvoir couvrir tout le temps d’imposition ? Qu’est-ce qui est fait pour les personnes souffrant de problèmes respiratoires, et qui de ce fait, ne peuvent pas porter pendant longtemps certains masques de protection ?
Le citoyen a également besoin de savoir, si ces cache-nez ou masques seront gratuits ou payant. Si c’est payant, qu’en sera-t-il pour les personnes vulnérables à travers le pays qui ne peuvent pas s’offrir ce produit, quel que soit le prix fixé. Et les enfants de la rue qui, jusque-là, se comportent selon un reportage de Libreinfo.net comme si de rien n’était ?
Il faut d’abord sensibiliser sur le port du cache-nez
L’autre réalité à ce jour, c’est que le port du masque de protection n’est pas encore entré dans les habitudes de certains Burkinabè. En effet, d’un rapport de sondage réalisé par le Centre d’excellence en pratique statistique et information (Cepsi) durant ce mois (avril 2020), il est ressorti qu’au niveau des attitudes et pratiques face au Covid-19, le pourcentage des personnes possédant des masques hygiéniques dans quatre villes du pays est de 39,45% dont 28,9% à Ouagadougou ; 42,7% à Bobo Dioulasso ; 64,4% à Ouahigouya et 21,8% à Fada N’Gourma.
Puis, un reportage réalisé par la télévision nationale le 16 avril sur la route de Manga a montré des dames qui faisaient un usage commun du cache-nez.
Au regard de ces situations, il apparaît nécessaire d’encourager le port de masques ; et cette mesure gouvernementale qui tend à rendre disponibles les masques de protection en quantité suffisante sur toute l’étendue du territoire nationale, requiert tout son sens.
Il y a donc bien de questions qui méritent des éclaircissements avant l’application de la mesure, pour que des citoyens ne se retrouvent pas en train de subir injustement les sanctions liées au non-respect de cette mesure.
