Le Conseil des ministres du 05 janvier 2024 a annoncé un prélèvement de 1% sur le salaire net des travailleurs du public et du privé pour contribuer au fonds de soutien patriotique. Cette mesure a suscité de réactions de la part des travailleurs de la région du Nord qui s’expriment au micro de libreinfo.net, le 07 janvier 2024
Par Zakiss Ouédraogo, Correspondant dans le Yatenga
Le prélèvement de 1% sur le salaire net de tous les travailleurs du public et du privé a fait réagir certains d’entre eux.
Pour Patrice Kambou, fonctionnaire stagiaire, «céder 1% de mon revenu pour contribuer à la lutte, c’est un plaisir. Mais il faut l’équité dans la contribution. Pour l’instant, je ne vois pas d’actions concrètes pour recouvrer l’impôt sur le revenu foncier».
De plus, on vient de connaître une augmentation du prix du sac de riz, fait noter Patrice Kambou. « Et tous ces grands commerçants qui font de gros bénéfices dans l’informel, comment le gouvernement rentabilise ?», s’interroge-t-il.
« Les ministres concèdent 5%, c’est bien pour le moral, sauf que le ministre vit moins de son salaire que le fonctionnaire et le travailleur honnêtes. A bien regarder aussi, il suffisait que le gouvernement dise courageusement qu’il n’ y aura plus de 13e mois pour qui que ce soit en 2024», soutient-il.
Il explique cela aurait aussi pour avantage de permettre à l’économie de tourner car, poursuit-il, accorder un avantage de 13e mois pour certains et demander de faire des prélèvements pour d’autres dans les 12 mois, « je pense qu’il n’y a pas d’équité. Tout compte fait, c’est un devoir de contribuer à la reconquête du territoire.»
Kadidiatou Ouédraogo, salariée du privé
estime que la rétention de 1% est un moyen de financement pour les dépenses publiques, en particulier pour l’effort de paix. Cela va permettre d’augmenter le montant de la prise en charge des VDP qui passera de 60 000 à 80 000 F CFA, selon ses dires.
« C’est une belle chose. Nous ne pouvons qu’apprécier cette décision à sa juste valeur. Nous faisons confiance à nos dirigeants et souhaitons que cet argent soit effectivement utilisé dans le cadre de la lutte contre le terrorisme», dit Kadidiatou Ouédraogo.
« Nous rendons un vibrant hommage à nos FDS et VDP et civils tombés sous les balles assassines des terroristes. Pour ma part, des gens ont eu largement le temps de piller nos deniers publics, les uns continuent de vivre paisiblement à l’intérieur comme à l’extérieur du pays sans crainte», déclare Moussa Zango, un travailleur du public.
« C’est sur le pauvre que des prélèvements s’abattent», affirme M. Zango qui déplore que « ce n’est pas aisé. En plus de cela, on lui demande de céder encore une partie de son revenu, c’est très difficile à digérer.»
Mais en dépit de toutes les difficultés auxquelles nous faisons face, « je pense que c’est une question de survie et c’est une mesure très courageuse et salutaire parce qu’il s’agit de la défense de la nation qui est en péril.»
A cet effet, « nous les invitons à une gestion saine et parfaite de ces fonds. Le président est animé d’une bonne volonté mais il y a toujours d’actions de sabotage et de complicité. Alors, nous l’invitons à plus de vigilance car l’ennemi n’est jamais loin», conclut-il.