Le procès de l’assassinat du Président Thomas Sankara et de ses douze compagnons se poursuit. Le mardi 9 novembre 2021 au tribunal militaire de Ouagadougou, le Général (Gal) Gilbert Diendéré a comparu. Quatre chefs d’accusations pèsent contre lui. Il est accusé de complicité d’attentat à la sureté de l’Etat, d’assassinat, de recel de cadavres et de subornation de témoins. Il était chef de corps adjoint du CNEC (Centre national d’entrainement commando) au moment des faits. Il est marié et père de deux enfants. Il a 63 ans.
Par Rama Diallo
Le général Gilbert Diendéré a débuté son audition mardi 9 novembre 2021. Il est rentré dans la salle des banquets avec un sourire. Il était tout heureux et souriait aux caméras. A la barre, il était à l’aise. Il répondait aux questions du tic au tac.
Le président du tribunal, Urbain Meda commence l’audition par la lecture des charges qui pèsent contre lui. A l’issue de la présentation des charges, il déclare qu’il ne reconnait pas les faits et donc, plaide non coupable.
« Vous devriez savoir ce qui allait se passer (le 15 octobre 1987, ndlr) puisqu’on vous appelle boite noire », suppose Urbain Meda, le président du tribunal.
Mais sans attendre, le général Diendéré enchaine :« En 1987, je n’étais pas une boite noire. C’est Valère Somé qui a commencé avec cette histoire de boite noire. Et c’est bien après que le nom est apparu dans la presse.
En 2014, lors du crash d’avion air Algérie, c’est moi qui ai donné l’information précise aux Français sur la disposition de l’avion écrasé. C’est de là que le nom est devenu populaire.
Le parquet prend la parole mais les choses ne se passent pas très bien avec le Général. Le parquet revenait sur les questions déjà posées par le président du tribunal. Ce qui n’était pas du goût de l’accusé.
Lorsque le parquet lui demande de revenir sur les événements du 15 octobre 1987, Gilbert Diendéré a répondu : « Je ne suis pas là pour raconter ma vie, mais pour répondre des chefs d’accusation retenus contre moi. » Il estime que depuis le matin, il ne faisait que répéter les mêmes choses.
Gilbert Diendéré,63 ans, accuse Zida d’avoir aidé Hyacinthe a quitté le pays
Le parquet change de tempo et lui pose une question sur Hyacinthe Kafando, le soldat qui aurait tiré sur le président Sankara. Pourquoi vous ne parlez pas de Hyacinthe ? demande le ministère public.
Le général Diendéré rétorque « est-ce que vous m’avez posé une question sur lui et je n’ai pas répondu ?». « Parlez-nous alors de Hyacinthe ?», poursuit le parquet militaire.
« En juin 2015, le caporal Madi, neveu de Hyacinthe Kafando, était venu le voir avec une convocation adressée à son oncle dans le cadre de l’affaire Thomas Sankara. Il m’a demandé si j’étais au courant de quelque chose j’ai répondu non »,narre le Général Diendéré.
Le neveu a alors demandé au Général Diendéré, s’il pouvait aller voir le premier ministre Yacouba Isaac Zida pour en savoir d’avantage. Il a dit non parce qu’il n’était pas de bon terme avec le premier ministre.
« Le 21 septembre 2015, quand il était dans les mains des éléments du RSP et il était sur le point d’être libéré, je suis allé le voir. Zida a juré en larmes et la main sur la Bible, qu’il dira au juge d’instruction de ne pas m’inquiéter sur l’affaire Thomas Sankara», explique l’officier supérieur.
Pour Diendéré, c’est le premier ministre de la transition Yacouba Isaac Zida, qui aurait donné l’ordre au juge d’instruction de l’inculper dans le dossier Thomas Sankara, puisqu’il n’avait jamais été inquiété auparavant.
« J’ai dit au juge d’instruction, vous m’avez collé des chefs d’accusation mais vous n’avez pas de preuves. Vous m’avez mis dans cette affaire parce que Zida vous en a donné l’ordre ». Il a également affirmé à la barre que c’est Zida qui a aidé Hyacinthe Kafando, le principal accusé, a quitté le pays.
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