Le film documentaire «Le Taxi, le cinéma et moi» de Salam Zampaligré a été projeté le jeudi 9 mars 2023 à la Maison de la Culture Anselme Titiama Sanon de Bobo-Dioulasso pour le lancement officiel du mini-FESPACO 2023.
Par Batchana Abdoul-Aziz Sanou, Correspondant dans le Houet
Le jeudi 9 mars 2023 marquait le lancement officiel du mini-FESPACO 2023 à Bobo-Dioulasso, chef-lieu de la région des Hauts-Bassins.
A l’occasion, c’est le film documentaire « Le Taxi, le cinéma et moi » de Salam Zampaligré qui était à l’honneur. « Le taxi, le cinéma et moi » Ce film documentaire long métrage a été réalisé en quatre ans. Il retrace l’histoire d’un réalisateur burkinabè du nom de Drissa Touré, bien connu dans la ville de Bobo-Dioulasso, la deuxième grande ville du Burkina Faso.
Le film est une réponse aux vingt ans d’absence de M. Drissa Touré de la scène cinématographique. Il a beaucoup contribué au cinéma burkinabè depuis les années 80, surtout pour le rayonnement du 7ème art à Bobo-Dioulasso.
Passer de réalisateur à conducteur de taxi, c’est un cauchemar que M. Touré a vécu durant vingt longues années. Séparé de sa femme, M. Touré, envahi de douleur et de tristesse, a fini par sombrer. Lui qui dans ses temps de gloire était le chouchou de la famille, n’avait plus eu personne pour l’écouter, encore moins lui tendre la main.
Pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa petite famille, Drissa Touré avait dû vendre du bois et devenir conducteur de taxi-moto.
Le réalisateur Salam Zampaligré, autrefois amateur de cinéma burkinabè est devenu réalisateur. A propos de ce long métrage « Le taxi, le cinéma et moi », il affirme avoir été inspiré quand il a vu un jour le cinéaste Drissa Touré présenté comme un conducteur de tricycle, dans un reportage diffusé lors d’une émission de télévision.
M. Zampaligré raconte : « Lors d’une émission télé, j’ai vu dans un reportage que le cinéaste Drissa Touré était devenu un chauffeur de taxi-moto. »
Alors en formation dans une école de cinéma, M. Zampaligré affirme avoir été inquiété quant à son avenir professionnel et aussi à l’avenir du cinéma. « Pour moi, ce film est un questionnement quant à l’avenir du cinéma et des cinéastes. » dit-il.
Sandrine Bama, une cinéphile, explique sa perception après la projection : « Le film m’a touchée, j’ai larmoyé à un certain moment. C’est un film vraiment intéressant qui porte sur une personne intéressante. »
Comme Mme Bama, l’acteur principal du film, Drissa Touré lui-même affirme : « Ce film est pour moi une thérapie. J’ai failli pleurer, j’ai eu pitié de moi-même en regardant le film. »
Le président régional du réseau des acteurs culturels des Hauts-Bassins quant à lui, estime que le ciné Sanyon, autrefois piloté par Drissa Touré qui le faisait marcher à ces propres frais, mérite d’être rebaptisé. Il interpelle les autorités à cet effet et préconise qu’une salle de ciné porte le nom de Drissa Touré.
Le réalisateur Drissa Touré est né en 1952 à Banfora dans la région des Cascades. Il était un passionné de radio et de cinéma. De chauffeur de taxi à Bobo-Dioulasso il se retrouvera chauffeur au FESPACO où il fera la rencontre du célèbre cinéaste sénégalais Sembène Ousmane. C’est alors le déclic pour le déjà passionné de cinéma. Il va vivre depuis sa vocation en devenant réalisateur de courts métrages (dont le premier est « Le Sort » en 1982) et de longs métrages ( « Laada » en 1991 et « Haramuya » en 1994). Il a même été invité au Festival de Cannes en France en 1995. Son combat actuel reste la réhabilitation du Ciné Sanyon de Bobo- Dioulasso, la plus grande salle cinématographique de la région des Hauts-Bassins.
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