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Soldats radiés de 2011 : Il faut commencer par la discipline dans vos rangs avant de revendiquer

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La mutinerie de 2011 au Burkina Faso a fait six morts, 45 blessés et des cas de viols enregistrés à Ouagadougou, 25 civils blessés et la mairie de Bobo saccagée par des commerçants très remontés. Six soldats ont été tués lors d’une opération musclée conduite par l’ex-RSP.

Tout en parti des militaires de la garde présidentielle reconnus sous l’appellation du « Régiment de sécurité présidentielle (RSP) », qui assurait surtout la securité de l’ancien président burkinabè Blaise Compaoré ; qui réclamaient le paiement des indemnités de logement non-versées et le départ de leur commandant. La protestation a débuté le 14 avril 2011 à Ouagadougou, et comme une trainée de poudre, s’est étendue à plusieurs garnisons du pays. Dans la plupart des villes où il y a eu ce mouvement d’humeur des militaires suivi par des policiers, il y a eu pillage des magasins d’appareils électroménagers, de motos, de téléphones mobiles, etc.

Suite à ce mouvement qui avait pris des proportions inquiétantes empêchant même des populations de vaquer librement à leurs occupations à causes des tirs qui se faisaient parfois entendre, le gouvernement pour rétablir l’ordre à mater certains mutins qui étaient toujours hors des casernes dans la ville de Bobo Dioulasso ; et dont les actes inquiétaient les citoyens dans cette ville.

Une enquête avait été ouverte et a permis d’identifier des soldats et des fonctionnaires de police qui ont été radiés et révoqués. Ils étaient tous au nombre de 799. Après l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et le putsch manqué du 16 septembre 2015, les militaires et policiers radiés ont entamé des manifestations et multiplié des conférences de presse, pour revendiquer leur reversement et réintégration dans la fonction publique.

À l’issue de l’élection présidentielle du 29 novembre 2015, Roch Kaboré est élu président. Pour réconcilier les Burkinabè sortis de l’insurrection populaire, du putsch manqué, et des crimes de toute nature depuis 1960, les membres du Haut Conseil pour la Renonciation et l’Unité Nationale (HCRUN) ont été installés dans leurs fonctions le 10 février 2016. Rapidement, ils s’en saisissent du dossier de la mutinerie et font des propositions parmi lesquelles, « une demande exceptionnelle de pardon officielle et collective aux victimes et au peuple burkinabè par les militaires et policiers radiés, une clémence exceptionnelle accordée par l’État, le reversement des militaires et la réintégration des fonctionnaires de police à la fonction publique ». Le 3 juillet 2019, les propositions du HCRUN ont été validées par le gouvernement.

Le 7 août, un décret a été pris et en lieu et place du reversement et de réintégration dans la fonction publique, le décret propose une réinsertion sociale avec une aide financière allant de 1,5 millions à 3,5 millions de FCFA à chaque radié.

Le 3 septembre, au cours d’une conférence de presse, les radiés annonçaient le rejet dudit décret, sous prétexte qu’il ne respectait pas les recommandations du HCRUN, parmi lesquelles figurait leur réintégration dans leur corps respectif. Ce jour-là, ils avaient demandé la dissolution du HCRUN parce qu’il n’arrive pas selon eux, à travers des actes concrets sur le terrain à appliquer la réconciliation et l’unité nationale alors qu’il continue d’utiliser les moyens financiers du contribuable.

Le vendredi 13 septembre, le HCRUN a convoqué les intéressés pour échanger sur ledit décret. Malheureusement, cette entrevue s’est terminée en queue de poisson car, certains radiés dans des propos dépourvus de courtoisie ont réitéré avec fermeté le rejet du décret en demandant même au président du HCRUN, Léandre Bassolé de démissionner avant de quitter la salle de discussion. On les entendait lancer ces propos à l’endroit de Léandre Bassolé : « Vous ne résolvez pas notre problème, vous ne faites que le déplacer. Vous ne voulez pas la réconciliation nationale et à votre place monsieur le président du HCRUN, j’allais démissionner ». « Nous voulons simplement être réintégrés dans les rangs pour aller au front combattre les terroristes qui tuent nos frères ».

S’il est vrai qu’ils veulent être réintégrés dans les rangs, ce n’est pas de cette façon qu’ils doivent se comporter avec des propos menaçants. Ceux qui sont restés pour la suite des échanges, eux, ont été plus courtois et ont même approuvé le décret et demandé les droits qui leur ont été proposés pour leur réinsertion sociale selon le décret.

Il faut commencer par la discipline dans vos rangs avant de revendiquer

Ce manque de courtoisie, cette absence de manière dans leurs actions depuis le début leur lutte, a été décrié par beaucoup d’internautes au lendemain des échanges terminés en queue de poisson avec le HCRUN. Pour certains, bander les muscles dans une salle de « négociation » et surtout pour des gens qui demandent la grâce de la nation, est inadmissible et indigne des soldats d’une république. Ce comportement teinté de force et dépourvu de tout sens de négociation pourrait justifier l’action de la plupart d’entre eux, ayant conduit à leur radiation ou révocation en 2011.

Même si le président Kaboré dès l’entame de son mandat a mis la réconciliation au centre de ses actions, ce n’est pas de cette manière que des gens en posture de négociation qui, à un moment donné sont accusés d’avoir vandalisé, pillé et tué des Burkinabè, devaient exiger leur réintégration surtout que des avis étaient partagés sur la question.

Ne serait-il pas plus judicieux de commercer par implorer le pardon des Burkinabè comme il a été mentionné aux premières lignes des propositions du HCRUN :« une demande exceptionnelle de pardon officielle et collective aux victimes et au peuple burkinabè par les militaires et policiers radiés (…) » ? Veulent-ils être réintégrés sans demander pardon au peuple burkinabè ? Sinon, pourquoi, l’on n’entend aucun pardon, si ce ne sont des menaces proférées au gouvernements par rapport à leur réintégration ?

Il est vrai que le fonctionnement du HCRUN laisse toujours à désirer mais cette fois-ci, cette institution n’a-t-elle pas fait de son mieux pour obtenir du gouvernement cet accompagnement financiers pour leur réinsertion sociale ?

Il faut commencer par la discipline dans vos rangs avant de revendiquer. Seules les négociations dans la discipline à travers les structures habilitées pourraient amener le président Rock Kabore à revoir le décret. Mais en refusant ces négociations en demandant la démission du président du HCRUN, c’est comme un patient gravement malade, en cours de soin qui s’en prend au personnel soignant de ne pas bien le soigner, s’irrite et claque la porte de l’hôpital. Ce patient-là, s’il en existe, mourra de sa maladie, car s’il savait se soigner, il le ferait sans aucun recours.

Siébou Kansié
www.libreinfo.net

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