Environ 43 groupes rebelles ont signé un accord avec l’Etat tchadien à Doha au Qatar le lundi 8 août 2022. Cet accord est destiné à lancer le dialogue national. Cependant, certains groupes rebelles ont refusé de signer.
Par Nicolas Bazié
Un dialogue « inclusif », voilà ce que prônent les Nations unies concernant la situation au Tchad. C’est pourquoi la signature de l’accord de paix au Qatar, entre les autorités tchadiennes et des groupes rebelles a été qualifiée de « moment clé pour le peuple tchadien », par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres. Un arrangement censé ouvrir la voie au retour d’un pouvoir civil dans le pays.
« Nous avons pris des engagements de part et d’autre, de déclarer un cessez le feu, de mettre un terme à toutes les hostilités et de donner toutes les garanties sécuritaires à toutes les parties pour qu’elles puissent participer au dialogue national », confie le ministre des affaires étrangères Mahamat Zene Cherif, par ailleurs chef de la délégation gouvernementale du Tchad à Doha.
Le dialogue national en question est prévu le 20 août prochain à N’Djamena au Tchad. Après donc cet accord, il y aura une amnistie pour tous les signataires, et les biens confisqués dans le cadre des condamnations judiciaires seront restitués, ajoute le ministre tchadien depuis Doha au Qatar. Et de poursuivre : « Les groupes rebelles auront la possibilité de transformer leurs mouvements en parti politique pour les échéances électorales futures. C’est un accord qui répond à 95% des attentes politico-militaires des signataires ».
Ce sont 43 groupes armés qui ont signé l’accord de Doha pour la paix. « Le Qatar a fait un excellent travail dans la patience. Doha est la capitale dans laquelle tous les accords peuvent se faire », a déclaré Mahamat Zene Cherif.
Cependant, il y a des groupes rebelles qui ont refusé de signer l’accord. Il s’agit notamment du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT) et du Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (CCMSR). C’est le FACT d’ailleurs qui a été à l’origine de l’attaque ayant conduit à la mort, le 19 avril 2021, du maréchal Idriss Déby Itno, qui a dirigé le pays pendant 30 ans.
Le groupe rebelle FACT a affirmé dans un communiqué que son « rejet » de cet accord « est concomitant à la non prise en compte de ses revendications », comme la libération des prisonniers. Le groupe a également affirmé qu’il « reste disponible au dialogue partout et toujours ».
« Nous sommes toujours sur le terrain, mais il est encore trop tôt pour savoir si nous allons reprendre la voie des armes, nous allons regarder ce qu’il va se passer dans les prochains jours, notamment avec le dialogue à N’Djamena », a déclaré à l’AFP depuis Doha, Brahim Hissein, chargé des relations extérieures de la représentation du FACT.
Quant au Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (CCMSR), un autre important groupe rebelle, il a lui aussi annoncé ne pas vouloir signer l’accord, affirmant que les principes pour lesquels ils se battent ne leur permettent pas de faire partie d’un dialogue dont ils ne connaissent pas les objectifs.
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