Tout déplacement sur l’axe Tougan-Toma dans la province du Sourou, région de la Boucle du Mouhoun du Burkina, est périlleux en raison de l’insécurité liée à la recrudescence des attaques terroristes. Sans escorte des forces de défense et de sécurité, les passagers en direction de Tougan mettent leur vie en danger. Récit.
Brice Alex Correspondant dans le Sourou
Toma, chef-lieu de la province du Nayala devient une escale obligatoire afin de profiter du convoi sécurisé des vivres et des non vivres. En août dernier, l’escale a été éprouvante, tant les conditions ont été difficiles. Des passagers racontent.
« On était d’abord à la gare. Après, on a déménagé à la mosquée. S’il pleut, nous devenons des couvertures pour couvrir nos enfants. Pour avoir à manger, c’est tout un problème. L’argent que j’avais sur moi, tout est fini » raconte Alima Z, mère de famille, qui a passé plusieurs semaines en attente du convoi militaire.

Son histoire ressemble à celle de Maïmouna D. qui dit avoir séjourné dans les pires conditions. Elle explique: « J’ai passé vingt jours à Toma. Nous dormions sous des hangars avec les enfants, exposés au moustiques »
Pour sa part, Orokia O. dit avoir passé environ un mois à Toma. « Ce n’était vraiment pas facile. » dit-elle, à l’entame de son récit.
« A l’arrivée, on nous a logés dans une mosquée. S’il pleut, l’eau y entre. Souvent, pour avoir à manger, c’était difficile puisqu’on avait plus d’argent. On a tout dépensé. » raconte-t-elle. Et à l’en croire, ce n’est qu’à 5 jours de son départ, qu’elle et certaines personnes ont été prises en charge.

Issouf D. qui a quitté Ouagadougou pour Tougan n’a pas échappé aux difficiles conditions de vie de Toma. Il nous informe qu’il a fait plus de 3 semaines d’escale alors qu’il ne s’y est pas préparé.
Du coup : « j’avoue que le séjour n’a pas été simple surtout au début. A l’arrivée, je ne connais personne dans la ville. Je comptais sur un ami que j’ai tenté de joindre en vain au téléphone. Et la première nuit, je l’ai passée au bord du goudron avec beaucoup d’autres personnes. ».
Par la suite, dit-il, les autorités du Sourou de concert avec celles du Nayala ont cherché une mosquée pour les femmes et les filles qui dormaient à la belle étoile, parce que nous les garçons on pouvait se débrouiller.
Quant à l’alimentation, « Nous sommes arrivés avec un peu de sous. Mais pour les filles et mères, il faut vraiment de l’assistance », dit-il.
Et c’est à la dernière minute que les autorités ont hébergé les filles et les femmes au Centre de lecture et d’animation publique (CELPAC) et leur ont donné des vivres. « Elles ont aussi soigné les enfants qui souffraient du paludisme. » a ajouté Issouf D.
« Ce soutien de la commune de Toma de concert avec les autorités du Sourou est intervenu à quatre jours de notre départ de la ville » précise notre interlocuteur.

Face à une telle situation, le vœu de Issouf D. tout comme toute la population de Tougan, est la levée du blocus terroriste sur la ville dans les plus brefs délais.
Il souhaite aussi la poursuite de la collaboration entre les autorités du Sourou et du Nayala afin de porter assistance aux passagers contraints à faire escale à Toma.
Un voyage, certes, difficile mais dont le dénouement a été heureux. Tous les passages interrogés ont adressé leurs félicitations aux forces combattantes qui ont fait des pieds et des mains pour assurer la sécurité et le ravitaillement de la ville.