Par Winkome Some, un citoyen burkinabè
« De l’insurrection populaire de 2014 à la transition mitigée de 2015, nous avons abouti à l’organisation d’élections démocratiques en Novembre 2015. Scrutins au cours desquels le candidat Roch Marc Christian KABORE est élu Président du Faso à la majorité absolue. Il confirme le même exploit aux élections de 2020.
Malheureusement son mandat a été frappé de plein fouet par les attaques terroristes à répétition, engendrant ainsi, plus de 1,5 millions de déplacés internes ; De milliers de pertes en vies humaines, tant du côté des civiles que des forces de défense et de sécurité.
A cela il faut ajouter les mouvements sociaux qui ont secoué le pays. Face à ces pierres d’achoppement, la gouvernance de Roch, insuffisamment engagée dans la résolution de ces crises, a été entachée par des scandales de corruption, de détournement de fonds, de népotisme, de mauvaise gestion des Forces de Défense et de sécurité (FDS) et des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) ainsi que la répression des libertés individuelles et collectives.
Le coup d’état du 23 janvier 2022, pour certains, était prévisible au regard des manquements évoqués précédemment dans la gouvernance du Président Roch Kaboré.
Maintenant que le coup d’état est consommé, il faudrait s’attendre à toutes sortes de pressions sur la junte militaire ; notamment des sanctions de la CEDEAO et de la communauté internationale.
Notre pays pourrait se retrouver dans la situation que vit le Mali actuellement.
Bien qu’une transition civile et des élections accélérées seront exigées par la communauté internationale, Il faudrait rester lucide et se fixer des objectifs clairs dans l’intérêt supérieur de la Nation.
En effet, nul n’ignore que l’objectif principal de ces nouveaux dirigeants doit demeurer la restauration de la sécurité sur toute l’étendue de territoire. Et cette quête de quiétude ne saurait aboutir sans la dépollution de l’administration burkinabè infestée par des agents corrompus et anti-patriotiques.
Nos dirigeants actuels ne devraient donc pas se laisser intimider par une quelconque pression qui nous conduirait à des élections précipitées.
Un calendrier électoral élaboré à la hâte pour assouvir la volonté de l’élite politique en place, assoiffée de pouvoir, pourrait plonger le pays dans une crise sans précédent.
Cette nouvelle donne est l’occasion de revoir nos instruments de prévention des conflits, notamment sur les questions de gouvernance.
Pour ce faire, des actions telles que le dialogue inclusif et la gestion inclusive des crises devraient faire l’objet d’une plus grande attention.
Ainsi, la recette internationale, celle de faire pression pour l’organisation d’élections dans le but de réintroduire un leadership légitime va faire un flop.
La communauté internationale devrait comprendre les sanctions sont risquées dans un environnement qui condamne l’interventionnisme international.
Par conséquent, la capacité du gouvernement de transition à légitimer sa position dépendra à long terme non seulement du soutien interne, qu’il tente de générer actuellement, mais aussi de l’engagement continu des partenaires internationaux.
Pour aller de l’avant, la communauté internationale devrait donc avoir besoin des approches fondées sur des principes à court terme contre des résultats à long terme plus durables. »