L’ancien député et directeur général du Centre de gestion des cités (CEGECI), Yacouba Salouka, a soutenu sa thèse de doctorat le 31 janvier 2025 à l’Université Cheick Anta Diop de Dakar au Sénégal. Son travail a porté sur le thème « Diffusion des technologies de l’information et de la communication, qualité des institutions et croissance économique dans l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine. »
Par Hakim Hien
« Mention très honorable », ainsi en a décidé le jury de la soutenance de doctorat de Yacouba Salouka. Devant un jury composé d’éminents professeurs en économie des universités Cheick Anta Diop de Dakar, Félix Houphouët Boigny d’Abidjan ou encore l’Université Marien NGouabi de Brazzaville, Yacouba Salouka a présenté avec brio son travail. Outre les membres du jury, il y avait la présence de l’ambassadeur du Burkina au Sénégal, Saïdou Maïga.

Au regard de son thème, M. Salouka a expliqué que « la croissance économique se définit comme l’augmentation durable des principales dimensions de l’activité économique et sociale, accompagnée d’une transformation structurelle (Mankiw, 2012). Elle reflète la capacité des États à accroître la production de biens et services par habitant, condition essentielle à la prospérité économique et à l’équité sociale. La recherche sur ses déterminants est donc cruciale, en particulier pour les pays de l’UEMOA, confrontés à des défis majeurs. »
Il a ajouté que « depuis deux décennies, la croissance du PIB par habitant dans l’UEMOA est restée faible et volatile, avec un taux moyen inférieur à 4 %, rendant difficile l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD), estimés à 7 % par la Banque mondiale (2019). »
Selon le nouveau docteur en sciences économiques, « la compréhension des facteurs influençant cette croissance est essentielle pour les décideurs et chercheurs. L’école de la croissance endogène a permis d’identifier plusieurs déterminants, notamment le capital humain, l’investissement, l’ouverture commerciale, le développement financier, ainsi que les technologies de l’information et de la communication (TIC) et la qualité des institutions. », a fait savoir Yacouba Salouka.
Ainsi, il a affirmé que « nos travaux s’intéressent aux technologies de l’information et de la communication (TIC) et la qualité des institutions. Les travaux économiques montrent que la diffusion des TIC est un moteur de croissance et que la qualité institutionnelle joue un rôle clé dans les écarts de développement entre pays (Acemoglu et al., 2001). Cependant, dans l’UEMOA, peu d’études ont examiné l’effet combiné des TIC et de la qualité institutionnelle sur la croissance économique. Or, certaines recherches, notamment dans les pays développés, suggèrent que de bonnes institutions renforcent l’impact des TIC sur la croissance. »
Dans ce contexte, « nos travaux visent à analyser le rôle des institutions dans la relation entre la diffusion des TIC et la croissance économique dans l’UEMOA avec pour hypothèse que la qualité des institutions accentue l’effet des TIC sur la croissance économique. Pour ce faire, nous avons estimé un modèle Autoregressive Distributed Lag (ARDL) sur un panel issu des données de sept (07) pays de l’UEMOA sur la période 2002-2021 à travers l’estimateur Pooled Mean Group (PMG). » a t-il soutenu.
TIC et institutions
Le docteur en économie appliquée, Yacouba Salouka, a déclaré que « nous avons mobilisé plusieurs variables dont les deux principales sont : L’indice de développement des TIC (Idi), calculé en suivant la méthodologie proposée par l’Union Internationale des Télécommunications (UIT) en 2008. L’Indice de développement des TIC est une référence unique du niveau de développement des TIC dans les pays du monde entier. Dans notre cas, l’IDI combine trois indicateurs (le téléphone fixe, le téléphone mobile et l’internet). »
La seconde variable est « l’indice de la qualité des institutions (Iqi), construit par une analyse à composante principale (ACP) avec les six indicateurs de gouvernance de la Banque Mondiale à savoir : l’Etat de droit, le contrôle de la corruption, l’efficacité gouvernementale, la voix et responsabilité, la qualité de la règlementation et stabilité politique et l’absence de violence et de terrorisme. »
Les résultats montrent qu’à long terme, la diffusion des TIC a un effet positif sur la croissance et est statistiquement significatif au seuil de 1%. Cela signifie qu’une amélioration de ces différentes composantes de la diffusion des TIC agit de façon positive sur la croissance du PIB dans les pays de l’UEMOA. Pour ce qui est de l’effet de la qualité des institutions sur la croissance économique dans l’UEMOA.
Le résultat montre que l’indice composite, ainsi que les variables institutionnelles désagrégées, ont des effets positifs et significatifs au seuil de 1% sur la croissance économique. Cela implique que la qualité des institutions dans l’UEMOA est favorable à l’augmentation du niveau de la croissance. Ces résultats permettent de confirmer notre deuxième hypothèse selon laquelle la qualité des institutions améliore la croissance économique dans les pays de l’UEMOA.
Concernant l’analyse de l’effet indirect de la diffusion des TIC sur la croissance économique. Il ressort de l’analyse de ce résultat que la variable d’interaction a un coefficient globalement négatif et statistiquement significatif, traduisant que la qualité des institutions est un facteur d’atténuation de l’effet de la diffusion des TIC dans le processus de croissance des pays de l’UEMOA. Ce résultat est contre- intuitif et traduit également que le niveau de développement institutionnel dans l’UEMOA n’a pas atteint le seuil minimal à partir duquel l’effet de la diffusion des TIC sur la croissance économique est accentué.
Les résultats obtenus ont des implications politiques qui nécessitent une attention particulière de la part des gouvernants des pays de l’UEMOA. Ainsi, ils suggèrent aux pays de l’Union de : « Renforcer davantage les institutions à travers la lutte contre la corruption, l’amélioration de la réglementation TIC et le renforcement de l’État de droit ; investir dans les projets TIC adaptés aux besoins des populations ; utiliser les TIC pour améliorer la gouvernance et l’efficacité des institutions ; investir dans le capital humain en améliorant le système éducatif et de la formation professionnelle afin de maximiser les bénéfices des TIC. »

Qui est Dr Yacouba Salouka ?
Salouka Yacouba a obtenu en 2009 sa maîtrise en Macroéconomie et gestion du développement (MGD)-Faculté des sciences économiques et de gestion à l’Université Ouaga II (actuellement Université Joseph Ki-Zerbo).
En 2010, il est admis au concours de la Fonction publique et intègre la prestigieuse École nationale des régies financières (ENAREF) où il sera couronné du diplôme de cycle A en finances en 2012. Une dizaine d’années plus tard, il obtient un master 2 en Hautes études en gestion de la politique économique (M2 HE GPE)-Faculté des sciences économiques et de gestion- de l’Université Félix Houphouët Boigny à Abidjan en Côte d’Ivoire.
Dr Yacouba Salouka est un cadre de l’administration publique burkinabè. Il est administrateur des services financiers au ministère de l’Economie et des Finances. M. Salouka cumule une douze années d’expériences dans le domaine des finances publiques avec un savoir-faire pratique dans la gestion budgétaire, administrative, financière, comptable, immobilière, la passation de marchés suivant les procédures nationales et des bailleurs de fonds, la planification stratégique et le suivi-évaluation des politiques publiques et des programmes. Pendant quatre ans (2017-2021), Salouka Yacouba a été le directeur général de la société d’Etat de promotion immobilière du Burkina, le Centre de gestion des cités (CEGECI).
Ensuite, élu député en novembre 2020, il siège à l’Assemblée nationale du Burkina (2021-2022). Depuis 2022, il est chargé d’études, de formations et de suivi-évaluation des réformes budgétaires au ministère de l’Economie et des Finances, précisément à la Direction générale du budget (DGB). Monsieur Salouka a aussi été chargé de l’équipement et de l’immobilier à l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD).
