Le président béninois Patrice Talon a échangé, avec la presse, le 8 février dernier au palais présidentiel. Au menu des discussions, les sanctions prises par la CEDEAO contre le Mali, le Niger et le Burkina ainsi que le retrait de ces pays de l’espace communautaire.
Par Nicolas Bazié
« Un moment de patience dans un moment de colère évite mille moments de regret». Le président béninois, Patrice Talon semble désormais comprendre cette maxime du Saoudien Ali Ibn Abu Talib.
C’est du moins ce qu’il laisse croire, lorsqu’il évoque les sanctions infligées par la CEDEAO aux pays en transition, à savoir le Mali, le Burkina et le Niger.
Lors d’une conférence de presse, le chef de l’État béninois a été direct en disant qu’il faut penser à laisser tomber les sanctions contre ces pays et préserver la paix.
« Les sanctions ne sont pas faites pour durer dans le temps. Nous sommes (le Bénin) les premiers à vouloir que les sanctions s’arrêtent. Moi, je suis pressé. Ce n’est pas parce que les sanctions causent des préjudices graves au Bénin, non. Je veux que les Béninois le sachent: les sanctions causent des préjudices au Bénin, mais, encore plus au peuple nigerien. Nos frères nigériens souffrent plus que nous», s’est-il expliqué.
Le président Talon poursuit son raisonnement en ces termes : « Il est temps pour nous de lever les mesures. Il ne faut pas que le différend persiste. S’il faut arriver à la division des peuples, il faut tout laisser tomber, faire la paix entre les organes pour préserver la paix entre les peuples», a-t-il fait savoir, ajoutant qu’il faut faire une trêve et demander au peuple nigérien ce qu’il veut concrètement, à l’effet de l’aider au besoin.
Le président qualifie la sortie des trois pays de l’AES de la CEDEAO de «brutale» et de «malheureuse». « Cela m’a beaucoup peiné. Après leur décision, j’ai personnellement téléphoné à l’un des trois présidents. Je lui ai dit que ce n’était pas bien (d’en arriver là, ndlr). Notre rôle n’est pas de diviser les peuples parce que la volonté de ceux-ci, c’est de s’intégrer. Il n’y a pas de conflit entre le peuple du Bénin et celui du Niger, du Mali ou du Burkina. Le soucis réside entre les chefs d’État de la CEDEAO», regrette le chef de l’État béninois
Le Bénin a été l’un des pays les plus stricts dans l’application des sanctions contre les pays du Sahel, en fermant sa frontière avec le Niger et en suspendant les importations de marchandises transitant par le port de Cotonou.
Environ 7 mois après, «les sanctions n’ont pas atteint les résultats escomptés », reconnaissait M. Talon dans un autre entretien. Et, pour lui, « souvent, un homme doit savoir faire du rétropédalage ».