Les chefs d’Etat du Burkina, du Mali et du Niger ont acté, le 6 juillet 2024 à Niamey lors d’un sommet, la création de la Confédération de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Ladite création est diversement appréciée par l’opinion nationale. Libreinfo.net a interrogé quelques citoyens de la ville de Ouagadougou sur le sujet ce lundi 8 juillet 2024.
Pour bon nombre de Burkinabè, la création de la Confédération des pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) est l’aboutissement d’un projet des trois chefs d’Etat. « Le passage d’alliance à une confédération est, à mon avis, une suite logique. Cela va certainement renforcer les liens entre les trois pays qui ont un combat commun à savoir la lutte contre le terrorisme », indique Aboubacar Dama.
Lors de ce sommet, poursuit Aboubacar Dama, les présidents des trois pays ont élargi les compétences de l’organisation en ajoutant les objectifs économiques et financiers. Mais, tempère-t-il, « j’ai des réserves sur leur position de se retirer de la CEDEAO qui est une organisation qui fonctionne un peu bien. Elle est une organisation sous régionale qui, depuis sa création, a engrangé des résultats positifs sur beaucoup de plans ».
Certes, « elle n’est pas parfaite mais elle est utile pour les différentes populations de l’AES. Alors, la création de cette confédération ne serait en aucun cas incompatible avec la présence de ces trois pays dans la CEDEAO. On peut même aller au-delà de la confédération en créant une fédération des pays de l’AES tout en restant membre de la CEDEAO », précise-t-il.
Pour Rigobert Minoungou, étudiant à l’Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou, la création de la Confédération des Etats du Sahel est une bonne décision prise par les trois présidents. « Je pense que c’est la question d’insécurité qui a poussé les trois présidents à prendre cette décision pour lutter efficacement contre le terrorisme et résoudre les problèmes auxquels les populations sont confrontées. Tout ce qu’on peut faire, c’est de les aider », ajoute-t-il.
Et, explique-t-il, « ce sont des décisions qu’ils ont prises mais cela demande une très grande contribution des populations. Chacun, à son niveau, doit contribuer d’une manière ou d’une autre pour que les présidents puissent atteindre les objectifs ».
De son côté, Oumé Emanuelle Fleure Lucie fait savoir que « la mise en place de cette nouvelle organisation a beaucoup d’avantages. Etant donné que ces trois pays sont dans des situations difficiles d’insécurité, c’est quand même nécessaire de serrer les coudes et de s’aider ». Elle ajoute par la suite ceci : « Avec cette Alliance, on voit l’idée d’entraide. Elle (l’Alliance, ndlr) permettra de prendre des grandes initiatives afin de mener ensemble plusieurs projets au profit des populations. Cette confédération va permettre aux trois pays d’avoir quelque chose ensemble. »
Si la Confédération marche, elle peut attirer d’autres pays, à en croire Oumé Emanuelle Fleure Lucie : « Nous sommes à un stade où, dans nos pays, les populations sont très jeunes et nous avons besoin de nouvelles structures pour prendre en compte l’aspiration de la jeunesse », dit-elle.
Quant à l’étudiant en sociologie en année de master, Boulaye Konaté, la création de la Confédération de l’Alliance des Etats du Sahel est une bonne chose. Pour elle, il faudra qu’on se mette sincèrement ensemble pour pouvoir lutter efficacement contre l’insécurité, un phénomène qui est une réalité que les trois pays partagent.
« Je pense qu’il vaut mieux mûrir la réflexion autour des instances qui seront mises en place dans ce cadre pour que cela puisse répondre à l’objectif visé notamment la lutte contre le terrorisme. Et c’est cette décision de lutter contre ce fléau qui nous a amenés à claquer la porte de la CEDEAO. Sinon, l’idée est bonne mais il faut avoir une manière de faire les choses autrement pour qu’elle soit une confédération efficace », dit l’étudiant Konaté.
Pour l’enseignant Saidou Ouédraogo, la création de la Confédération est une bonne chose pour l’équilibre des Etats. Aujourd’hui, pense-t-il, l’Afrique, surtout celle francophone, doit quitter son statut de dominé pour s’assumer. « Je suis fier aujourd’hui que mon pays assume clairement son choix. Nous sommes dans un monde où les faibles sont mangés par les forts. La démocratie, nous la voulons mais une démocratie souveraine, pas un simulacre de démocratie où tout est dicté de l’extérieur », martèle-t-il.
Selon Théophile Compaoré, depuis leur arrivée au pouvoir, les présidents de l’AES ont clamé qu’ils sont venus pour libérer leurs pays. Mais la situation devient de plus en plus difficile. «On n’arrive plus même à avoir deux repas par jour. Confédération dans la faim, elle sert à quoi sinon que c’est du populisme ?», s’interroge-t-il.
« Tout ce que nous demandons, c’est la paix pour repartir dans nos villages pour cultiver. Cette histoire de confédération, je ne la comprends pas. Vivement que la paix revienne dans notre pays ! », conclut-il.