Le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC ) a lancé ce 26 novembre 2024 à Ouagadougou son rapport 2023 sur l’état de la corruption au Burkina Faso. Il ressort de ce 22e rapport que la Police municipale est première dans le classement des services corrompus avec un score de 52,21%.
Par Prisca Konkobo
Le rapport sur l’état de la corruption au Burkina Faso est un examen critique que le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) fait sur la gouvernance du Burkina Faso. Le sondage pour l’établissement du rapport 2023 a couvert 13 villes, 12 chefs-lieux de régions administratives du Burkina Faso hormis les ville de Dori et de Pouytenga. 2 883 personnes ont été enquêtées avec un taux de couverture de 96,1% du 17 novembre au 09 décembre 2023.
Au terme des enquêtes, la Police municipale est en tête du classement des services corrompus, avec un score de 52,21%, selon l’Indice composite de mesure de la corruption dans les administrations publiques (l’ICMC-AP). Elle est suivie par la Douane et la Police nationale qui ont respectivement un score de 37,17% et de 24,03%. «L’ICMC-AP classe les services à la fois sur la base de la perception citoyenne, des expériences pratiques de corruption vécues par les usagers desdits services et des montants des rétributions illégales», indique le rapport.
Cependant, la présentation des résultats du sondage 2023 sur l’état de la corruption au Burkina Faso montre que le phénomène connaît une baisse en 2023. «En effet, 65,77% des enquêtés jugent les pratiques de corruption fréquentes voire très fréquentes. Cette proportion était de 85,23% en 2021, soit une baisse d’environ 20 points de pourcentage», a indiqué le Secrétaire exécutif du REN-LAC, Sagado Nacanabo.
Le REN-LAC note une volonté affichée des acteurs étatiques pour la lutte contre la corruption. Elle déplore cependant « une absence d’actions d’envergure au sommet de l’Etat contre le phénomène en 2023. Certains actes du gouvernement comme le règlement transactionnel de l’affaire charbon fin ont même laissé planer le doute sur sa réelle volonté politique à lutter contre le phénomène ».
Au niveau des corps de contrôle de l’Etat, le REN-LAC apprécie les efforts dans la lutte contre la corruption de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) et de la justice. La presse, surtout celle d’investigation, a également été félicitée pour «la mise au jour de plusieurs mauvaises pratiques en cours dans l’administration publique »
Le REN-LAC appelle à des actions concrètes et coordonnées
Le REN-LAC a formulé une série de recommandations à destination des différents acteurs publics et non étatiques pour renforcer l’efficacité de la lutte contre la corruption.
Le Réseau exhorte le gouvernement à incarner l’exemplarité dans la lutte contre la corruption. Cela passe, entre autres, par «la transparence et la redevabilité dans la gestion des affaires de l’État».
Le REN-LAC a également évoqué le respect de l’indépendance et de l’autorité de la justice, notamment à travers la séparation des pouvoirs, la rationalisation des ressources publiques avec des outils modernes comme des logiciels de gestion des missions et du carburant dans les services publics et parapublics.
L’Assemblée législative de Transition (ALT) est invitée à renforcer le contrôle de l’action gouvernementale en veillant au respect strict des règles de gestion des finances publiques. Les organes de contrôle doivent, selon les recommandations du REN-LAC, publier rapidement leurs rapports annuels pour garantir la transparence. De son côté, la justice est appelée à engager des procédures contre tous les acteurs soupçonnés de corruption.
Le REN-LAC insiste sur la nécessité de garantir les libertés individuelles et collectives pour encourager la veille citoyenne. Les journalistes, en particulier, doivent être protégés et soutenus dans leurs efforts pour dénoncer les faits de corruption.
Encadré
Les 10 premiers services corrompus selon l’ICMC-AP
Police municipale 52,21%
Douane : 37,17%
Police nationale : 24,03%
DGTTM : 16,41%
Santé : 15,16%
Enseignement secondaire : 14,94%
Impôts/Domaine : 12,03%
Collectivités territoriales : 10,95%
Agriculture : 10,43%
Gendarmerie : 9,12%