La situation sécuritaire du Burkina Faso a atteint un point critique, au point où les militaires au pouvoir ont pris l’initiative de dialoguer avec ceux qui ont pris les armes contre la nation. Cette initiative n’est pas du goût du Colonel Auguste Denise Barry, ancien ministre de la sécurité sous la Transition de 2015, qui a soutenu que l’armée n’a pas vocation à dialoguer avec qui que ce soit. C’était lors d’un panel organisé par la société burkinabè de géopolitique le 27 août 2022 à Ouagadougou, sous le thème « Les pistes de renforcements de l’autonomie stratégique en matière de réflexion stratégique, de mobilisation de ressources nécessaires à la guerre et de logistique sécuritaire ».
Par Nicolas Bazié
Dialoguer en temps de guerre ne fait pas partie des « oignons » de l’armée. C’est ce que l’ancien ministre de la sécurité, le Colonel Auguste Denise Barry a soutenu le 27 août dernier.
« L’armée n’a pas vocation à dialoguer ou à discuter avec qui que ce soit, il faut le dire clairement », déclare le colonel qui fait comprendre que « l’armée fait la guerre ».
C’était au cours d’un panel où il intervenait sur les pistes de renforcement de l’autonomie en matière de réflexion stratégique, de mobilisation de ressources nécessaires à la guerre et de logistique sécuritaire.
L’armée en revanche, dans le cadre de la maîtrise des aptitudes dans cette menace terroriste spécifique, doit adopter une posture en rapport avec la doctrine de combat en milieu des populations, indique M. Barry.
«Les populations deviennent donc un enjeu aussi bien pour les terroristes que pour l’Etat », signifie le colonel Barry. Pour lui, l’Etat dans cette dynamique doit tout faire pour avoir les populations avec lui et l’armée en est un instrument.
Les nouvelles autorités militaires ont décidé de dialoguer avec les terroristes
Cette intervention du Colonel Denise Barry se fait au moment où l’Etat vient d’annoncer l’installation des comités locaux de dialogue, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
En effet, le 1er avril 2022, le Chef de l’État Paul-Henri Damiba a annoncé l’initiative qui va contribuer selon lui, à minimiser, un tant soit peu, les attaques terroristes.
Et ce, moins de trois mois après qu’il ait pris le pouvoir en renversant le régime de Roch Kaboré le 24 janvier 2022.
Le 13 avril, le gouvernement a adopté le projet de loi sur la mise en place de la coordination des comités locaux de dialogue pour la restauration de la paix dans le pays.
En l’espèce, c’est pour « accompagner des initiatives endogènes parce qu’il nous a été donné de constater sur le terrain qu’il y a un besoin de dialogue et de communication entre des fils du Burkina en arme contre la nation et des personnes ressources de leurs localités d’origine », confiait le ministre de la réconciliation nationale Yéro Boly.
Et pour cela, la prudence, la confiance sont à privilégier pour ne pas compromettre tout ce qui a été entrepris, laissait-il entendre le 12 août 2022.