L’Académie nationale des sciences, des arts et des lettres du Burkina Faso a organisé, le 26 novembre 2022, une conférence publique sur la crise sociopolitique que traverse le pays. Cette conférence s’est tenue sous le thème: « La paix et cohésion sociale : enjeux et perspectives dans un Burkina de crise sécuritaire »
Quatre panélistes, tous des enseignants chercheurs burkinabè ont donné leur analyse de la crise que traverse le Burkina, à l’occasion d’une conférence organisée par la section lettres et sciences humaines de l’Académie nationale des sciences des arts et des lettres.
Pour le sociologue M. Basile Guissou, panéliste, la crise sécuritaire que traverse le Burkina prend ses racines dans la crise identitaire née des facteurs comme la colonisation.
Pour lui, l’école burkinabè n’est pas adaptée aux besoins des populations. «Le Burkina Faso doit renaître s’il veut parvenir à une cohésion sociale » dit le sociologue Pr Basile Guissou.
Cette renaissance suppose une mise en cause du système politique actuel. Et la Révolution démocratique et populaire (RDP) de l’époque de Thomas Sankara doit servir de source d’inspiration, indique le Pr Guissou qui a également déploré l’exclusion de certaines populations notamment celles du Sahel dans les politiques de développement.
Quant au Pr Albert Ouédraogo, spécialiste de la littérature orale, il a appelé à la refonte du système politique en accordant une plus grande place aux chefferies coutumières et traditionnelles au niveau du système judiciaire par exemple.
Dans sa communication, le Pr Afsata Paré/ Kaboré, spécialiste de l’éducation a rappelé la nécessité d’enseigner les langues nationales à l’école. Pour elle, le multilinguisme doit être renforcé. Elle appelle aussi à revoir les approches pédagogiques dans les classes en mettant l’accent sur l’approche situationnelle.
Le Pr David Kabré a abordé la question de la cohésion sociale sous l’angle judiciaire. Il a noté que pour consolider la paix sociale, la justice privilégie la médiation ou d’autres formes de justice parallèle.
Tout en reconnaissant que cela peut constituer une bombe à retardement, il a fait comprendre qu’il est nécessaire de tropicaliser le système judiciaire en l’adaptant aux réalités socioculturelles du pays.
Les participants ont salué la pertinence du thème et des communications. En plus, ils ont souhaité que de telles conférences se multiplient et que les recommandations soient mises en œuvre.
Le panel a été modéré par le Pr Joseph Paré, sémioticien.