L’Association Dialogue Sans Frontières a présenté, ce 6 décembre 2023, au cours d’un déjeuner de presse à Ouagadougou, un livre intitulé « Étude sur les pactes culturels de non-agression de la région du Centre-Est ou promotion de l’approche se regarder dans le miroir ».
Par Nicolas Bazié
«On ne discute pas dans un champ envahi de mauvaises herbes, pendant que la daba est posée à côté». Ce proverbe endogène de réflection a tout son sens au sein de l’Association Dialogue Sans Frontières qui a présenté ce 6 décembre, un livre composé de 147 pages. Cet ouvrage met l’accent sur les pactes culturels de non-agression de la région du Centre-Est du Burkina Faso.
Le «Pacte culturel de non-agression» est un acte qui sacralise et encadre une relation entre deux ou plusieurs communautés dont la finalité est la coexistence pacifique.
L’élaboration de ce livre entre dans le cadre du projet «Sous l’arbre à palabre: inclusion et dialogue pour le vivre-ensemble dans la paix», financé par le programme PARTICIP de l’Ambassade du Danemark au Burkina Faso.
L’Association Dialogue Sans Frontières qui a mis en œuvre ledit projet estime que «face aux multitudes crises que traverse le Burkina Faso, le vivre-ensemble dans la paix est devenu un passage obligé pour garantir un développement harmonieux et durable de tous les Burkinabè».
Le président de l’Association, Filippe Savadogo, indique que l’objectif du projet est de contribuer, selon lui, à la prévention des conflits et à la résilience des femmes, des jeunes et des communautés vulnérables « face à l’extrémisme violent et aux menaces terroristes dans la région du Centre-Est».
« Il faut donner une solution alternative à tous les problèmes », soutient le président Filippe Savadogo, diplomate burkinabè et ancien représentant permanent de la Francophonie auprès des Nations Unies à New York aux USA.
Et, pour réussir, «il faut mettre en avant les femmes ainsi que les jeunes car ils sont les maillons faibles de la chaîne sociale », ajoute M. Filippe Savadogo qui a été ministre burkinabè de la Culture et ancien Ambassadeur du Burkina Faso en France pendant 11 ans.
Pour lui, les pactes culturels de non-agression sont de véritables «mécanismes endogènes de communication et de règlement des conflits entre individus , entre les communautés et entre les groupes sociaux ».
Dans son avant-propos, contenu dans le livre, le président de l’Association Dialogue Sans Frontières fait savoir que le manuel retrace un pan de l’histoire de la région du Centre-Est: la genèse de son peuplement et de sa diversité, les alliances, les relations à plaisanterie, etc.
« L’ensemble de ces matériels convergent vers une meilleure connaissance mutuelle, dans une perspective de cohabitation pacifique et harmonieuse, en dépit des frottements inévitables dans la vie en commun» dit-il.
La parenté à plaisanterie…
Selon le Dr Jean Pierre Salembéré, sociologue, il n’y a pas cette communauté où il n’y a pas de liens sociaux ou un pacte culturel. « Il y a toujours des relations entre les communautés qu’elles soient paisibles ou tendues», fait-il comprendre, constatant toute une histoire derrière les liens qui lient par exemple les communautés de la région du Centre-Est.
Au cours de l’étude, poursuit le sociologue Salembéré, «nous nous sommes intéressés aux différentes sources de conflits entre les communautés». Il dit avoir noté quelques facteurs comme la religion, la politique, le problème des terres, les problèmes miniers artisanaux et « vous verrez les anciens qui vous parlent des questions d’argent ».
Pour anticiper sur de tels conflits,« nous avons relevé des acteurs endogènes comme les imams, les pasteurs, les catéchistes et d’autres personnes ressources. Ce sont des personnes vers qui on peut se tourner en cas de conflit entre communautés ».
D’ores et déjà, Dr Jean Baptiste Salembéré recommande la reconnaissance nationale de la parenté à plaisanterie, gage d’après lui d’une paix durable.
Notons que la Zone d’intervention du projet se situe dans les provinces du Boulgou, du Koulpélogo et Kouritenga (Centre Est). Et, ce sont 12 communes qui sont concernées.