La présidentielle du 6 mai 2024 au Tchad suscite débat au regard des conditions dans lesquelles le scrutin s’est déroulé. Mais quoi qu’on dise, le général Mahamat Idriss Déby a été proclamé vainqueur de cette élection avec 61,03%.
Par Fred Ido
Malgré les conditions, l’essentiel est sauf! Ce qui compte désormais au Tchad, ce sont les résultats que l’Agence nationale de gestion des élections a proclamés le jeudi 9 mai 2024.
Sur 6 224 387 électeurs avec un taux de participation assez élevé de 75,89 %, Mahamat Idriss Déby arrive en tête avec 61,63 % des suffrages exprimés, soit 3 784 360 votes en sa faveur.
C’est l’essentiel à retenir de ce micmac électoral dans lequel l’opposition a été muselée et comme dans un cirque le Premier ministre, Succès Masra a été candidat contre le Chef de l’État.
Un vernis démocratique dans un Tchad où Mahamat Idriss Déby tire sur la ficelle politique à son bon vouloir.
Que diantre, des conditions d’organisation du scrutin! « On n’en a que faire » diront les soutiens du nouvel homme fort du pays.
Et pourtant un processus électoral mal conduit est gage d’une élection frauduleuse dont beaucoup donnaient déjà vainqueur Mahamat Idriss Déby.
Visiblement, au Tchad, le terrain a été balisé pour la victoire de celui qui a succédé à son père mort sur le champ de la bataille.
Opposition muselée
Faut-il encore le rappeler? Le seul opposant à même de rivaliser avec le candidat Mahamat Idriss Déby est son cousin Yaya Diallo Djérou assassiné.
On s’en souvient. Le gouvernement a annoncé, en effet, le jeudi 29 février 2024 la mort du principal opposant au général Mahamat Idriss Déby.
Il a été tué la veille, mercredi 28 février 2024, dans un assaut mené par l’armée contre le siège de son parti.
Le gouvernement l’ayant accusé d’avoir mené dans la nuit du mardi 27 au mercredi 28 février une attaque contre les locaux des services de renseignements.
Des votants sous surveillance
Le 6 mai 2024, jour du scrutin, de nombreux électeurs ont voté sans isoloirs. Ce qui a suscité des inquiétudes de transparence et de sincérité du vote.
Chose étonnante, ce ne sont pas des actes isolés. Déjà la veille, c’est -à-dire, le dimanche 5 mai, de nombreux militaires ont été contraints de voter en plein air et sous surveillance.
Des faits assez graves qui interpellent et soulèvent la possibilité de pressions extérieures, d’intimidation et de manipulations du vote dans un pays qui dit épouser les idéaux de la démocratie libérale.
De quoi donner raison à l’ancien ministre ivoirien de l’enseignement supérieur, Bella Kéïta, qui affirmait : « Un bout de papier ne peut pas décider du choix d’un président ».
Effectivement pour masquer toutes ces « irrégularités », 2.900 observateurs de la société civile ont été mis à l’écart de l’élection.
Néanmoins, pour ceux d’entre eux qui ont été autorisés à superviser la présidentielle, leurs rapports ont émis de doute sur la sincérité du scrutin.
Ils ont aussi mis en exergue le faible taux de participation des électeurs.
Cependant, dans le rapport de l’Agence nationale de gestion des élections on affiche un taux de participation de 75,89% traduisant l’engouement des Tchadiens à prendre part au scrutin.