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Burkina terrorisme: Djibo (Sahel), une ville au bout du souffle

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La ville de Djibo, chef lieu de la province du Soum, région du Sahel souffre le martyr depuis plusieurs semaines. Plus rien ne va, la population est prise entre le marteau et l’enclume. Les groupes armés terroristes dictent leurs lois. Le correspondant de Libreinfo.net sur place a constaté depuis une semaine, des corps acheminés au cimetière central de la ville pour inhumation. Les animaux également souffrent de ce veto terroriste, où il est interdit au-delà d’un kilomètre de faire entrer de l’herbes ou du bois de chauffe dans la ville. Les produits de première nécessité commencent à manquer et les prix ont doublés. Djibo est au bout du souffle.

Par Inoussa Sankara, correspondant Soum

Djibo est par excellence une zone d’élevage et rare sont les familles dans les villages qui n’ont pas un troupeau de bétail. Avec les déplacements, ces milliers d’animaux sont parqués et gardés dans des espaces ou réserves de la ville, ou dans les locaux du marché à bétail. Le blocus fait qu’aucun animal ne peut paitre au -delà d’un Km et interdiction est faite aux villages lointains de faire entrer de l’herbes ou du bois de chauffe en ville.

Nous avons interrogé M.S, habitant du secteur 5 de Djibo « Moi, je ne comprends rien à cette situation, comment on peut croiser les bras jusqu’à ce que les terroristes fassent déguerpir des quartiers entiers ? » et il poursuit « si l’Etat ne peut rien autant nous dire, chacun va se défendre comme il peut, vous avez vu le blocus ? enfermer dans un espace réduit des centaines de milliers d’habitants et il y a aucune réaction ? bon, tu parles on va te créer des problèmes.

Ces terroristes ont peut-être un programme funeste, qui est de nous rassembler et massacrer comme des rats ! Mais il faut que l’armée nous montre que sous Roch et maintenant c’est différent ».

A.T, fonctionnaire de santé, soupir et dit « On va vivre de quoi ? La route est bloquée, le réseau Orange et Moov ne marchent plus depuis plusieurs semaines, c’est la fin du mois, nos réserves sont finies, c’est à ne rien comprendre ! Un camp à Djibo, un autre à Gaskindé 25 km, à Bourzanga aussi, et ces HANI nous narguent jusque dans la ville, moi si je sors de cette situation Ah ! Djibo là, ce n’est plus sûr avec moi ! Être confinés avec l’armée à côté !».

Nous sommes allés à la rencontre de S.L, homme d’une cinquantaine d’année qui a trouvé refuge dans une cour au secteur 2 de Djibo.  Il nous relate les larmes aux yeux « Les terroristes m’ont chassé de Silgadji, je suis venu m’installer à Firguindi. On vient de me chasser de Firguindi et je vais dans un non- loti au secteur 5 de Djibo. Et voilà que le jeudi, on me somme de partir encore.

Me voilà ici sans toit, j’ai 10 enfants et mes deux femmes. Le propriétaire de la cour m’a autorisé de rester ici, sous le hangar, mais pas dans la maison qui est une villa à louer. Je le comprends bien, espérons que dans la semaine nous pourrons réintégrer notre maison au secteur 5. Vous voyez, j’ai ici, 5 moutons et 2 bœufs, cela fait deux jours que les animaux n’ont pas mangés. J’avais une quinzaine, j’ai dû brader les autres car il n’y a pas d’espace pour les garder et pas d’aliments pour eux ».

La situation est de plus en plus critique. Sans ravitaillements depuis une semaine, les produits de première nécessité commencent à manquer et les prix sont parfois multipliés par deux. Le petit mil, aliment de base des populations commence à être introuvable.

Ce qui fait craindre encore plus les habitants de la ville est que dans certains villages, les Hommes armés non identifiés qui passent les menacer ont un accent étranger, la peau blanche et de longs cheveux comme des femmes mais ce sont bien des hommes. Les HANI auraient occupé tous les villages abandonnés par les populations.

Pour ne rien arranger, il y a trois jours, des individus armés non identifiés ont fait sauter les installations de l’ONEA situé juste derrière le barrage privant depuis ce jour une partie de la ville en eau potable. Les populations sont obligées dans leur majorité à se rabattre sur les puits pour avoir de quoi boire, les quelques forages étant insuffisants. Des puits, ils sont allés jusqu’à déverser du gasoil dedans pour empêcher les habitants de boire.

Nous apprenons qu’ils viennent de sauter un château d’eau du secteur 7 (Firguindi) qui avait été donné aux populations par un de leurs fils entrepreneur de son état.

Face à cette situation, des personnes ressources de la ville, regroupées autour du Chef de Canton ont tenté de rentrer en contact et de dialoguer avec les GAT (Groupes armés Terroristes) mais pour le moment cela n’a donné aucun fruit.

En résumé, la situation de la ville de Djibo au moment où nous écrivons ces lignes est, des trois opérateurs mobiles, seul Telecel est fonctionnel après une rupture de quelques jours du au sabotage de pylônes (la ligne est constamment saturée, il faut plusieurs tentatives pour appeler). L’eau potable manque à Djibo, aucune route pour sortir ou entrer en ville du fait du blocus, l’électricité est servie 10 H/24H, des enseignants absents depuis le mois de décembre, les humanitaires entrain de fuir, les transactions monétaires impossibles sans réseau et connexion, la psychose permanente des habitants, la malnutrition avancée des nouveau-nés, pénurie de carburant, manque de condiments en provenance de Ouahigouya tous les mardis, le marché à bétail fermé (manque d’acheteurs et vendeurs).

L’intégralité à lire: Burkina Faso: les populations de Djibo appellent le MPSR de toute urgence,le récit d’une ville qui souffre le martyr entre les mains des terroristes

 

www.libreinfo.net

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