À l’audience de ce 28 novembre 2023, au TGI Ouaga I, dans l’affaire qui oppose l’État burkinabè à IAMGOLD Essakane SA, le procureur est revenu sur la quantité de charbon fin exportée en 2015 et 2016 par la société minière.
Par Nicolas Bazié
La question était adressée au directeur général de la société minière IAMGOLD Essakane SA, Tidiane Barry. Mais, ce 28 novembre, il s’est fait représenter par la directrice pays de la société, Blandine Kaboré. Le procureur a voulu savoir la quantité de charbon fin exportée par Essakane courant 2015-2016.
A la barre, la directrice pays de Essakane soutient qu’en juillet 2015, la quantité de charbon fin déclarée à l’administration douanière burkinabè était de 399 059 kg pour le poids humide et 344 707 kg pour le poids sec.
L’enquête de l’expert douanier…
Pour ce qui est de l’année 2016, Blandine Kaboré poursuit que ce sont 281 232 kg de charbon fin qui ont été exportés. Des informations que l’expert douanier a confirmées, lorsqu’il a été appelé à la barre pour donner plus d’informations. Mais, il est allé dans les détails du processus.
Dans une présentation qu’il a faite, l’expert douanier révèle qu’en 2015, Essakane à travers une lettre adressée au ministère des Mines, aurait exprimé un besoin d’exporter 447 288 kg de charbon fin.
Elle a donc obtenu des autorisations d’exportation de 399 059 kg de charbon fin en 2015, de 281 123 kg en 2016 et de 494 635 kg en 2018, fait-il savoir.
Selon lui, le total du charbon fin exporté se stabilise à 1 million 174 mille 928 kg contre 447 288 kg qui serait présenté au ministère pour lequel il a été donné une autorisation d’exportation. L’expert douanier indique que l’excédent selon l’autorisation est de 697 640 kg.
En 2015, ajoute l’expert douanier, lorsque Essakane a déclaré 399 059 Kg de charbon fin à l’administration douanière burkinabè, la société aurait demandé une cotation de 629 000 kg à la Société Bolloré qui est chargée de transporter les cargaisons contenant ledit charbon fin.
L’expert douanier a aussi fait noter qu’en 2016, il y a eu des incohérences que l’on a pu noter. Selon ses dires, après la déclaration en douane de 281 232 kg de charbon fin, Essakane aurait demandé à Bolloré une cotation de 306 000 kg.
Fraude de l’or….?
Cependant, la directrice pays de IAMGOLD Essakane SA fait comprendre que dans ce cas d’espèce, c’est la quantité d’or qui est à l’intérieur de la cargaison qui importe, tout en ajoutant qu’il peut arriver qu’il y ait des variations.
Une explication qui semble ne pas convaincre le procureur. « On est passé du simple au double en termes de quantité», insiste-il.
Quelle est maintenant l’importance de la pesée dans ce processus ? A demandé à savoir le procureur, faisant allusion à la réponse de la directrice pays de Essakane selon laquelle c’est plutôt la quantité d’or qui importe Essakane et non celle du charbon fin.
Me Prosper Farama représente le Réseau national de lutte contre la corruption (REN-LAC) dans le dossier. L’avocat a voulu savoir si, au regard des différentes exportations faites par Essakane SA en 2015, 2016, il y a eu fraude de l’or ou pas.
« La réponse est affirmative », répond l’expert douanier, un inspecteur des douanes. L’audience reprend le jeudi 30 novembre 2023, au Tribunal de grande instance Ouaga I.