Entamé le 7 juin 2019, le mouvement d’humeur des médecins se poursuit jusqu’en novembre 2019, après l’expiration du délai du 1er septembre. Ce mouvement qui était au début salvateur pour les populations avec les soins gratuits qui leur avaient été offerts, s’est rapidement transformé en manifestation contraire avec absence de soins et de consultation par un autre mot d’ordre de grève.
Les conséquences de cet arrêt de travail des médecins, sont sans doute graves. La situation est intenable à Bobo Dioulasso et les populations l’ont exprimée aujourd’hui dans une manifestation : « Nos enfants, nos épouses, nos parents sont en train de mourir devant des gens qui ont prêté serment », a lancé Daouda Ouattara, le représentant des croquants. Il ajoutera que si les médecins savent qu’ils n’ont pas de matériel adéquats pour travailler, qu’ils démissionnent.
La colère des manifestants devant l’institution hospitalière de Bobo Dioulasso était difficile à maitriser. Les organisateurs qui ont pu contenir cette foule furieuse, ont invité tout le monde à se déporter à la résidence du gouverneur de la région, où ils ont livré un message. Dans cette adresse, Daouda Ouattara, le coordonnateur de la marche, a appelé à la reprise imminente des soins et des négociations entre le syndicat et le gouvernement.
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Un ultimatum a été donné aux médecins pour reprendre le travail : « Nous donnons 72 heures au gouvernement et au Syntsha pour un retour à la normale ». « Nous disons non à ce génocide des médecins », a martelé Ouattara devant le centre hospitalier universitaire Sourou Sanou. Les propos sont fermes « Si dans 72 heures, rien n’est fait, chaque acteur de cette situation nous sentira passer. Il n’est plus question qu’un médecin se présente dans une clinique et nous mourons tous riches et pauvres », pouvons-nous entendre dans la foule.
Déchaînée dans un complet pagne multi coloré, Oumou Cissé lance ceci. « Nous sommes mères et nous disons que les médecins exagèrent. Rien que pour l’accouchement, ils nous réfèrent dans les cliniques où il faut débourser trois cent cinquante mille francs pour les soins. Rien que hier soir, ma nièce a été renvoyée de l’hôpital et a dû accoucher à la maison. L’enfant est mort et nous disons non et sommes engagées dans ce combat », a-t-elle lancé.
Assis devant l’hôpital banane en main, Yssouf Konaté, venu de Orodara, à 70 km de Bobo, nous explique ses souffrances : « Depuis quatre jours, mon malade est laissé à lui-même. Je n’attends que la volonté de Dieu ».
La manifestation s’est terminée par un meeting où, il a été demandé à tous les Bobolais de se tenir prêts, car la volonté de fermer les cliniques a été clairement affichée si la situation perdure durant les 72 heures qui suivent.
Alidou Ouédreaogo
Correspondant Houet
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