La société minière Afro Turk va construire une base militaire à Tambao et à Inata dans la région du Sahel au Burkina Faso, pour permettre à l’Etat, d’acquérir des moyens stratégiques de surveillance et de combat contre le terrorisme, et récolter des taxes et des dividendes. C’est ce qu’a affirmé le ministre burkinabè des Mines, Simon-Pierre Boussim, dans une interview accordée au quotidien d’Etat Sidwaya.
Par Nicolas Bazié
« Nous n’avons aucune raison de douter de la bonne foi de notre partenaire ». Cette déclaration du ministre burkinabè des Mines M. Simon-Pierre Boussim montre à souhait à quel point le gouvernement fait confiance à la société minière Afro Turk.
En effet, le 1er mars 2023, en conseil des ministres, le gouvernement avait décidé d’autoriser la cession des actifs miniers pour l’exploitation industrielle du manganèse de Tambao et de la grande mine d’or d’Inata à la société Afro Turk par la procédure d’entente directe.
La décision a suscité des réactions au sein de l’opinion nationale. Des Burkinabè se sont montrés très inquiets de cette manière de procéder par l’Etat en octroyant des gisements importants par la procédure d’entente directe.
Ces réactions ont certainement incité le ministre des Mines à communiquer sur les raisons de cet octroi à la société Afro Turk.
Alors,on en sait à peu près le contenu de cet accord. Dans une interview accordée au quotidien d’Etat Sidwaya, le ministre Simon-Pierre Boussim indique qu’il est « prévu dans les contrats de cession la construction d’une base militaire à Tambao et à Inata dans la région du Sahel avec le concours matériel et financier du partenaire (Afro Turk ndlr) ».
« La cession de ces mines se fait à titre onéreux et non gratuitement comme on l’a entendu çà et là. Et mieux, elle s’est faite dans une condition qui permet à l’Etat d’acquérir des moyens stratégiques de surveillance et de combat. Au-delà de tous ces éléments, nous pouvons nous féliciter de pouvoir faire confiance à un partenaire qui puisse nous aider dans la sécurisation de cette zone » poursuit le ministre Boussim.
La société selon les indications du ministre a pris l’engagement de sécuriser les sites. « Nous avons reçu un engagement de Afro Turk à mutualiser les efforts avec le gouvernement pour sécuriser ces deux sites » indique le ministre qui explique que le gouvernement de la Transition est dans un processus de dynamisation de la sécurisation de tous les sites miniers du Burkina Faso afin « d’assécher les sources de financements des terroristes, d’assurer des entrées de ressources pour le développement socioéconomique du pays ».
Le Ministre des Mines a fait comprendre que la société Afro Turk présente des garanties nécessaires pour mener à bon port, le partenariat avec l’Etat burkinabè.
Les mines d’Inata et de Tambao ne fonctionnent plus depuis plus de 5 ans et pour M. Simon-Pierre Boussim, « rien ne prouve que ces mines ne soient pas aujourd’hui exploitées par les ennemis de la nation qui se renforcent en termes de ressources pour venir attaquer nos forces de défense et de sécurité ».
Les deux provinces avaient déjà des détachements militaires comme ceux de Déou (Oudalan) et de Kelbo (Soum) sans oublier le détachement d’Inata qui a été attaqué en novembre 2021.
La mine de manganèse de Tamboa
Le gisement de manganèse de Tambao est situé dans la commune de Markoye, province de l’Oudalan, région du Sahel précisément dans la zone dite des trois frontières avec le Mali et le Niger. C’est dans cette partie que le pays a enregistré sa première attaque terroriste.
Dans la journée du samedi 4 avril 2015, en effet, une équipe de la sécurité de la mine de Tambao en patrouille avait fait l’objet d’une attaque. Ce jour-là, M. Iulian Gherghut, un officier de sécurité roumain de 39 ans, responsable de la sécurité de la Mine avait été enlevé.
Depuis lors, les attaques terroristes se sont intensifiées dans la province de l’Oudalan. La dernière en date est celle qui a eu lieu entre Oursi et Déou où au moins 51 militaires burkinabè ont été tués lors d’une embuscade.
La grande mine d’or d’Inata
Inata, ce nom a fait couler beaucoup d’encre et de salive au sein de l’opinion après l’attaque meurtrière de novembre 2021. 57 personnes avaient perdu la vie dont 54 gendarmes. D’autres sont toujours des otages.
Le terrorisme au Burkina Faso affecte énormément tous les secteurs socio-économiques du pays. Le phénomène est tel que le secteur minier burkinabè en souffre beaucoup. De nombreuses sociétés minières ont dû suspendre dans la foulée leurs activités d’autres sont en arrêt d’activité.
Lire aussi: Économie : Le secteur minier au Burkina Faso très éprouvé par le terrorisme