Les coupures d’électricité provoquent de nombreuses pertes chez des vendeurs de poissons et de viandes pendant cette période de forte chaleur au Burkina Faso. Constat en fin d’avril 2024 à Ouagadougou.
Nous sommes à Song-Naaba, quartier situé au secteur 25 de Ouagadougou, la capitale du Burkina. Eric Compaoré, un vendeur de viandes et de poissons frais. Il dispose de gros réfrigérateurs pour la conservation de ses produits.
Selon lui, il y a beaucoup de coupures dans son quartier et cela provoque également d’énormes dégâts : « Ces deux jours, on souffre beaucoup avec les coupures d’électricité. On n’arrive pas à conserver normalement les produits. »
« Pour éviter que la viande ne se gâte, on met souvent de la glace dessus quand il y a coupure. Souvent, même pour trouver de la bonne glace, c’est compliqué. Ce qui fait que la viande se gâte ; on est obligé de la jeter ou de la donner à ceux qui élèvent des porcs. » ajoute M. Compaoré, notre interlocuteur, l’air visiblement triste.
Il souligne aussi que le poisson « se décompose plus rapidement que la viande. Il y a des poissons, une fois décongelés, on ne peut plus les récupérer ; et cela nous cause beaucoup de pertes en argent.» Il dit avoir subi ce type de perte plus de trois fois.
Comment trouver une alternative aux coupures d’électricité ?
Tasséré Nikiéma, lui, est également un vendeur de poissons. Sa poissonnerie est située au quartier Nagrin, dans le secteur 30 de Ouagadougou.
A notre arrivée, il somnole sur une chaise parce qu’il y a encore délestage de courant dans son quartier.
Tasséré Nikiéma semble être familier à ces coupures intempestives d’électricité. « Dans ce quartier, on a surnommé l’électricité : « va et vient » et il pouffe de rire.
Cependant, dit-il, les conséquences sont énormes sur les activités. «Vraiment, on souffre ici ces deux jours ; s’il y a coupure, on n’a pas d’autre choix que d’attendre. Quand on branche nos réfrigérateurs au circuit électrique, on ne débranche plus, pour permettre au poisson de bien se congeler. »
« Au premier délestage, on a subi beaucoup de pertes. Il y a eu un autre jour également où on a perdu plus de 30 000 F. CFA ; tout était gâté. Cela décourage beaucoup. »
Nikièma dit ne pas encore avoir eu d’alternative à la société nationale d’électricité pour la conservation de ses produits.

De son côté, Fatimata Sissao, vendeuse de poisson et de condiments, au quartier Pissy de Ouagadougou, trouve que les coupures de courant sont exagérées.
Voici ses propos : « Ce n’est pas facile avec les coupures ; on souffre beaucoup. La chaleur devient de plus en plus intense. En plus de cela, on ne peut conserver normalement les produits.»
« Je ne commande plus beaucoup de poissons de peur que ça se gâte. J’en prends pour deux ou trois jours » ajoute-t-elle, prudente.
Mme Sissao explique aussi comment elle fait pour éviter que son poisson ne se gâte: « Pour la conservation de mes poissons, par exemple si toute la journée il n’y a pas eu de coupure, on branche le réfrigérateur sans le débrancher ensuite, même si le poisson est déjà congelé. Cela permet de vendre le lendemain même s’il y a eu coupure de courant. »
Mme Sissao remercie Dieu car, nous confie-t-elle, elle n’a pas encore eu de pertes depuis que les délestages ont commencé.
À la Patte d’Oie, un autre quartier situé au sud de Ouagadougou, au bord d’une voie, Didier Kologo vend également de la viande et du poisson. Lui aussi dit rencontrer les mêmes difficultés que ses prédécesseurs rencontrés.
« Le jour de la fête de Pâques, mes poissons, des carpes, ont été complètement gâtés. On ne pouvait plus les vendre. J’ai été obligé de les jeter» nous raconté M. Kologo, mécontent.
Et d’ajouter : « Cela fait que je ne vends plus de poisson parce je trouve que le poisson se gâte plus vite que la viande. Cette situation n’encourage pas ce commerce.»
Notre interlocuteur informé qu’avec ces coupures, il est obligé de mettre les réfrigérateurs en marche sans les débrancher même si tous les produits sont bien congelés ; et cela consomme beaucoup le courant, assure-t-il.
Kologo souhaite trouver d’autres solutions ; par exemple, disposer d’un groupe électrogène ou d’énergie solaire pour remédier à cette situation.
