À Ouagadougou, capitale politique du Burkina Faso, nombreuses sont ces voies qui ont peu ou pas du tout d’éclairage public. Les usagers et les riverains circulent dans le noir. Ce manque d’éclairage est parfois la cause de plusieurs accidents dès que la nuit tombe. Reportage de Libre info.net
Par Nicolas Bazié
Le 24 avril 2022, il est 18h32, la nuit tombe sur Ouagadougou. Nous décidons de faire une tournée nocturne, pour toucher du doigt les réalités des usagers des voies qui souffrent d’éclairage public. Nous arrivons au quartier Karpala dans l’arrondissement 11 de Ouagadougou. Nous entrons dans une quincaillerie, située au bord du nouveau goudron qui va au Tribunal de grande instance Ouaga II.
Sur cette voie, mieux vaut redoubler de vigilance pour éviter un accrochage. Non seulement la route est restreinte, mais aussi la nuit, difficile de circuler le cœur net, car il n’y a pas de lumière qui facilite la circulation.
Le propriétaire du lieu qui souhaite garder l’anonymat, nous donne son avis sur cette route qui n’a aucun lampadaire depuis sa construction en 2021. « Il faut que nos autorités communales essaient de voir cet aspect », dit-il d’un ton désespéré, puis de lâcher : « Comment pouvez-vous construire une grande voie sur laquelle il y a des embouteillages chaque soir, sans pour autant mettre de la lumière ? »
Et de poursuivre que des accidents sur cette voie, il y en a assez eu. Quand ce ne sont pas des véhicules qui se cognent, ce sont des motocyclistes qui le font, nous fait-il remarquer.
Cependant, pourquoi en est-on là ? Pour le propriétaire de la quincaillerie, nul doute, il y a forcément quelqu’un qui ne fait pas son travail. « Il y a un manque de responsabilité quelque part. Sinon les journalistes n’auront pas besoin de faire un reportage sur l’éclairage public, afin d’interpeller les autorités », laisse-t-il entendre.
Et d’ajouter : « Voilà plusieurs mois maintenant que cette voie a été goudronnée, mais depuis, nous circulons dans le noir ». Il est allé plus loin en déclarant que « ce sont les lumières des boutiques et autres lieux de travail qui éclairent la route ».
Il estime que chacun doit correctement faire son travail. « Je pense que ce n’est pas à nous de dire à nos autorités ce qu’elles doivent faire », a-t-il conclu.
« J’ai moi-même vu des accidents ici»
Nous poursuivons notre périple sur un autre axe. C’est le goudron qui mène au camp militaire Général Baba Sy, toujours dans l’arrondissement 11.
Nous rencontrons une riveraine du nom de Zénabou Ouédraogo. Elle est étudiante en Droit et gérante d’une boutique de pagnes, non loin de la Station Shell de Karpala.
Avec elle, c’est le même son de trompette : une fois la nuit tombée, le danger plane. « J’ai moi-même vu des accidents ici. Il n’y a pas de semaine sans accident. Je me dis que s’il y avait de l’éclairage, il y aurait moins d’accidents ».
Des lampadaires qui ne fonctionnent pas
Si certaines rues sont dépourvues d’éclairage, il y a celles qui en possèdent, mais qui fonctionnent mal. C’est notamment le cas de l’axe qui relie le marché ‘’Katryaare’’ au Boulevard des Tansoba vers le SIAO.
Sur cette voie, parmi les lampadaires alignés, beaucoup ne donnent aucune lumière qui puisse bien éclairer la route. Sur notre moto, nous nous plongeons dans cette pénombre fendue par des filets de lumières jusqu’au Boulevard des Tansoba.
Nous voyons deux hommes en train de marcher au bord de la voie en tenue de sport. Nous nous présentons à eux. « Nous sommes des retraités. Et nous sommes en train de faire du sport », nous ont-ils répondu. Nous leur disons l’objet de notre présence. « La lumière est très faible sur cette voie », dit l’un des retraités, ajoutant que c’est peut-être le fait que tout soit du solaire. Mais son ami n’est pas du même avis que lui. Il réplique : « Non, c’est un manque d’entretien ».
A peine entamons-nous cet échange, quand un jeune-homme à moto passe à proximité de nous dans une conduite acrobatique ; Roue avant en l’air, il semblait fier de son exploit. « Vous voyez ça ? Il n’y a même pas un bon éclairage et toi tu te permets de t’amuser ainsi », pestent les deux hommes, avant de nous faire savoir que beaucoup de riverains se plaignent de cette situation depuis un bon moment.
Dans notre tournée, nous avons pu relever d’autres grands axes qui souffrent d’éclairage public. Il y a la voie qui sépare les quartiers Zone 1 et Dassagho et quelques axes de la Zone d’activités diverses (ZAD), pour ne citer que ceux-là.
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