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[Entretien] Daumont Paul : « c’est une fierté pour moi de défendre les couleurs du Burkina Faso »

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La rédaction de Libreinfo.net a reçu le 11 juin 2021 le cycliste Paul Daumont pour des échanges à bâtons rompus. Très décontracté, le vainqueur du Tour du Bénin a répondu sans langue de bois à toutes les questions du journal. Les sujets abordés ont porté entre autres sur sa vie, ses études, le choix de la nationalité burkinabè, ses débuts dans le cyclisme et ses ambitions. Paul Daumont est également revenu sur sa participation aux tours du Bénin et du Cameroun et ses préparatifs pour les Jeux Olympiques de Tokyo 2021. D’autres sujets ont été abordés au cours de l’entretien.     

Interview réalisée par la Rédaction et retranscrite par Soumaila Sana

Libreinfo.net (LI) : Qui est Paul Daumont ?

Daumont Paul (D.P) : Paul Daumont est un jeune étudiant de 21 ans en management à l’IAM .Je suis surtout connu comme cycliste dans l’équipe nationale du Burkina Faso et dans le club l’As Bessel à Ouagadougou.

LI: Parlez-nous de vos débuts dans le cyclisme ?

D.P : Au début de l’année 2017, j’ai eu la chance d’intégrer l’As Siffa à Bobo Dioulasso qui était un club en pleine reconstruction. Ce club était motivé et affichait ses ambitions de rivaliser avec les clubs de la capitale. Nous avions un président qui était très dynamique. Il voulait faire briller la ville de Bobo dans le domaine du cyclisme. Et dans ce club j’ai été mis dans des bonnes conditions afin de donner le meilleur de moi-même.

LI : Pourquoi le choix du cyclisme parmi tant d’autres disciplines sportives ?

D.P : Peut-être que c’était mon destin. Il faut dire aussi que j’ai grandi sur le vélo. J’ai eu la chance étant tout petit d’avoir des vélos à deux et à trois roues comme vélos de loisirs. Je roulais dans la cour, je faisais des acrobaties et je partais à l’école à vélo. Et petit à petit ma passion pour le vélo s’est développée. Je suis tombé sur un groupe de Vététistes et là c’était devenu plus sérieux même nous étions toujours des amateurs.

Ça m’a donné déjà le gout de la compétition. Ensuite je suis allé en France pour mes études et là-bas j’étais dans un lycée qui est sur la dynamique sportive. Les responsables de cet établissement estimaient que le sport était bien pour les capacités intellectuelles. On participait à un certain nombre de compétitions. J’ai eu la chance de participer à une compétition de VTT là-bas. Quand je suis revenu au Burkina, il n’y avait pas de compétition de VTT. Pourtant j’avais commencé à prendre gout sur les compétitions. Et c’est là qu’est intervenu un de mes premiers coachs du nom de Bruno.

C’était un militaire de l’armée Française qui était en mission pour former les militaires Burkinabè. C’était d’’ailleurs un ancien cycliste professionnel dans sa jeunesse. Il a remarqué ma passion du vélo et je lui ai demandé de me coacher. C’est ainsi qu’il m’a mis sur la route et un dimanche j’ai croisé l’équipe de Siffa de Bobo. J’ai suivi les entrainements avec cette équipe et plus tard, j’ai pu intégrer le club Siffa de Bobo.

LI : Comment arrivez-vous à concilier le sport et les études ?

D.P : Cela est un arrangement entre mon université, l’IAM et moi, qui me permet de m’absenter lors de mes déplacements. Et à mon retour je dois simplement me justifier avec mon ordre de mission. Avec les justifications, je ne suis pas pénalisé en termes de points. Et à mon niveau, je dois mettre le paquet dans les études pour me rattraper. On a la chance d’avoir tous nos modules sur le téléphone, on a aussi des groupes WhatsApp entre étudiants. Certains professeurs m’envoient également les cours sur mon téléphone. Et cela me permet de suivre mes cours étant en déplacement.

LI: Pourquoi avez-vous fait le choix à la nationalité Burkinabè parmi tant d’autres quant on sait que vos parents sont originaires de France et de Centrafrique ?

D.P: Le choix de la nationalité burkinabè, est un choix de cœur parce que j’ai passé beaucoup de temps ici avec mes parents étant tout petit. C’est depuis 2004 que mon père s’est installé au Burkina Faso et c’est un pays où j’ai passé la grande partie de mon enfance. Et j’avais la possibilité de prendre la nationalité. C’est après la compétition cycliste du grand prix Roch Marc Christian Kaboré en 2017, qu’on m’a fait la proposition d’intégrer l’équipe nationale cycliste du Burkina. J’ai accepté et j’ai intégré l’équipe nationale. C’est ainsi que j’ai pris logiquement la nationalité Burkinabè.

LI : Quel sentiment vous anime quand vous défendez les couleurs du Burkina lors d’une compétition ?

D.P: Je suis fier de défendre les couleurs de mon pays le Burkina Faso. Et comme je l’ai dit plus haut, c’est le pays qui m’a vu grandir. J’ai commencé le cyclisme au Burkina et plus précisément à Bobo-Dioulasso. Ma famille a eu l’occasion de voyager dans beaucoup de pays où j’ai eu pas mal d’amis mais mon père a préféré s’installer au Burkina Faso parce que c’était ici qu’on se sentait le mieux.

Et c’est une fierté pour moi de défendre les couleurs de ce pays et je le fais de bon cœur. Parce que le pays m’a accepté, c’est ici que j’ai grandi, c’est ici j’ai fait mes débuts dans le cyclisme. Il n’y avait pas de raison que je refuse cette offre et c’était un plaisir de prendre cette nationalité.

LI : Combien de maillots avez-vous remportés depuis le début de votre carrière en équipe nationale ?

D.P : J’ai deux maillots jaunes, un du Tour de la Côte d’Ivoire en 2019, un autre du Tour du Bénin en 2021 et le maillot vert du récent Tour international du Cameroun.

LI :Quels sont vos objectifs avec votre club pour le prochain championnat ?

D.P : L’objectif pour nous, c’est de remporter bien sur le championnat national. On est les vainqueurs sortant avec Salifou Bikienga. C’est notre équipe qui tient le titre, malheureusement l’année passée à quelques jours de la fin, il a été annulé. On avait à cœur de remporter ce championnat. Mais l’objectif et l’envie cette année restent les mêmes.

Concernant la préparation, nous avons eu la chance, avec mon coéquipier Salif Yerbanga, de participer à beaucoup de compétitions. Ce qui veut dire que nous sommes plus en jambes, donc notre préparation est différente avec les coéquipiers qui sont restés au pays. L’objectif est de maintenir le cap, être en forme jusqu’au jour j (L’entretien a été réalisé avant le championnat national que Paul Daumont a remporté).

LI : Avez-vous eu des pressions ou des difficultés avec la France ou la Centrafrique pour votre choix de la nationalité Burkinabè ?

D.P : Non j’ai eu la chance de ne pas connaitre de difficultés sur le choix de ma nationalité. J’ai vraiment été toujours concentré avec l’équipe nationale du Burkina. Je n’ai pas reçu de propositions des autres nations que vous avez citées.

LI : Quelle est la différence entre les tours sur lesquels vous avez couru et celui du Faso ?

D.P : La différence est dans le format. Le tour du Faso est le tour le plus long que l’on peut rencontrer en Afrique. Dix jours de courses sans repos, c’est très long. Je n’ai jamais rencontré ce format. Je sors du tour du Cameroun qui a eu huit étapes et un jour de repos au terme de la cinquième étape. Le Tour du Faso est exigeant et en termes d’organisation. A part les tours européens, le tour du Faso a la meilleure organisation dans nos pays. Je ne le dis pas parce que je suis Burkinabè. Dix jours de courses avec toute la logistique, Il y a de quoi s’en féliciter.

Il y a pas mal de choses qui sont à saluer sur le tour du Faso, notamment le transfert du matériel, l’hébergement, la restauration ainsi que les différents prix. C’est l’un des tours où les coureurs sont les mieux traités. Je pense que c’est une différence avec les autres Tours et c’est pour cela qu’il existe depuis longtemps. C’est un tour exceptionnel qui est organisé chaque année. On y trouve beaucoup d’équipes africaines et européennes qui se battent pour mieux participer. Et gagner le Tour du Faso n’est pas une manche facile.

LI : Que réservez-vous au peuple Burkinabè au prochain Tour du Faso prévu se dérouler en octobre prochain ?

D.P : Je lui réserve la meilleure prestation possible. C’est l’objectif. On se prépare depuis le début de la saison pour ça. Malheureusement en 2020 on n’a pas pu organiser notre Tour du Faso. C’est un petit pincement au cœur mais il faut être réaliste et analyser la situation actuelle. Et si on veut positiver, cela nous a permis de mieux nous préparer. Et c’est vraiment notre objectif d’être en forme pour faire plaisir au Burkinabè en remportant cette année le tour du Faso.

LI : Comment se passe la préparation des Etalons ?

D.P : C’est un travail qu’on fait depuis le début de l’année. Avec l’équipe nationale, on essai de participer à beaucoup de compétions malgré le contexte sanitaire et on a eu la chance de participer effectivement à plusieurs compétitions. On essaie à chaque fois de faire tourner les éléments de l’équipe nationale pour mettre tout le monde en condition dans la participation des compétitions afin d’être prêts pour le Tour du Faso.

Dans le cadre du championnat d’Afrique par exemple, sept coureurs ont été sélectionnés pour représenter le Burkina Faso. Nous étions aussi une quinzaine de coureurs en immersion à Koudougou. Donc il n’y a pas que ceux qui sont en équipe nationale qui sont concernés par les préparations. D’autres étaient avec les sélectionnés de l’équipe nationale pour des stages afin d’augmenter le niveau de de tout le monde. L’objectif est de mettre tout le monde en forme avec les différents stages et les différentes compétitions pour réussir le Tour du Faso.

LI : Le report des différentes compétitions l’année passée pour cause de la COVID 19 n’a-t-il pas joué sur les performances des coureurs ?

D.P : L’impact est plus psychologique. Pour ma part et pour la plupart des cyclistes, une compétition se prépare physiquement et mentalement. Donc c’est beaucoup de pression, le travail sur soi même, et à la dernière minute quand il n’y a pas de compétitions on se rend compte qu’on a fait tout ce travail pour rien. Il ne faut cependant baisser les bras. Il faut continuer à travailler et espérer  que les compétitions reprennent un jour.

LI : Vous avez été le grand vainqueur du Tour du Benin. Comment se sont passées les choses sur le terrain ?

D.P : Nous étions au tour du Bénin pour préparer notre compétition au Cameroun. Malheureusement le Tour du Bénin ne sait pas déroulé comme prévu  parce que l’équipe Camerounaise n’a pas pu être présente. Il y a eu le décès de son coach à la veille de leur départ pour le Bénin. Et l’équipe a annulé sa venue . L’équipe camerounaise faisait figure de favori avec celle du Burkina Faso.

Il y avait aussi une équipe de Suisse qui était censée participer à la compétition mais n’a pas pu venir à cause des tests covid. Donc on s’est retrouvé avec un plateau assez réduit et forcement les objectifs ont changé. C’était devenu un peu plus facile mais l’objectif pour nous était toujours de préparer le Tour du Cameroun. La première étape s’est bien passée, on a récupéré le maillot vert et ensuite c’était juste un travail de conservation et heureusement ça s’est bien passé.

LI : Comment s’est déroulé votre voyage pour prendre part au Tour du Cameroun ?

D.P : Le voyage était compliqué. On était sensé partir deux jours avant la compétition. Mais pour des raisons que j’ignore, le voyage a été annulé à deux jours de la compétition. On a finalement voyagé à la veille du départ de la compétition. On est arrivé sur place à 3h du matin pour prendre le départ à 10h et le réveil était fixé à 7h. On a vraiment eu une nuit très courte. C’était d’autant éprouvant. On avait déjà la fatigue du Tour du Bénin et on avait prévu d’arriver deux jours en avance pour s’acclimater. Le climat du Cameroun est différent et cela a joué sur les performances.

LI : Les Etalons étaient attendus également avec le maillot jaune à leur retour du Tour international du Cameroun. Qu’est ce qui n’a pas marché ?

D.P : C’est dommage, parce que le maillot était à notre portée. Pour ma part, j’ai loupé la première étape parce qu’on faisait office de favoris. J’étais l’objet de marquages dès le début de la course comme on dit en football. Les équipes font attention aux dangers venant des autres. Il y a eu tout un travail pour me neutraliser et je n’ai pas pu déjouer ses pièges là. Et j’ai manqué la bonne échappée qui est arrivée jusqu’au bout.

Généralement toutes les échappées qui se constituent les matins aux premières heures n’ont pas de chance d’arriver jusqu’au bout. Et cela a été le scénario que j’ai vécu pour la deuxième fois de ma carrière. Je n’étais pas dans le bon jour. L’objectif pour moi n’était pas de travailler dès le début de la course qui est une étape longue de 123km. Mon objectif était de faire la différence à la fin quand tout le monde sera fatigué. Malheureusement je n’ai pas eu cette occasion. Je me suis retrouvé dans un groupe qui a fait une cassure, parce que la plupart des équipes étaient représentées là-bas.

On avait deux Burkinabè avec la plupart des équipes européennes qui étaient de cette échappée. Donc à l’arrière il n’y aucun intérêt de revenir à la jonction. C’est pour cela que l’écart a été conséquent. C’est un peu dommage mais on avait quand même deux éléments à l’avant dans le groupe des échappées qui pouvaient remporter le maillot jaune. Mais l’adversité était assez importante et avec le mauvais état des routes. Néanmoins, nous sommes contents de notre performance au Tour du Cameroun.

LI : Vous avez conservé le maillot vert lors de ce Tour du Cameroun, qu’es ce que cela représente pour vous ?

D.P : C’était un objectif de seconde zone pour moi. Parce que l’objectif c’était le maillot jaune. Et à ma grande surprise à la 3e étape on me remet le maillot vert qui n’était pas un objectif concret. A partir de ce moment les objectifs ont un peu changé. On avait un élément, Souleymane Koné qui était très bien placé au classement général et moi qui me retrouvait déjà avec le maillot vert.

Je ne voulais pas que ce maillot jaune empêche notre volonté de conserver le maillot vert. Donc c’était un objectif que j’avais mis à part et je travaillais dans mon coin. Mais j’étais au service de l’équipe et du maillot jaune avec toutes les capacités pour essayer de retirer ce maillot et pourquoi pas avec un peu de chance garder le maillot vert.

LI : Paul Daumont tire-t-il des leçons de ce tour certainement ?

D.P : J’en tire des leçons pour les échéances à venir en termes d’organisation et de tactique de course. On saura maintenant comment ne plus se faire piéger même si se sont les faits des courses, c’est ce qui fait que la course est belle et imprévisible. C’est d’analyser ce qui a bien marché et ce qui a moins marché. Je pense que c’est dans cette optique qu’on peut évoluer.

Il ne suffit pas de dire qu’on a mal fait mais il faut plutôt savoir ce qu’on a mal fait, analyser ce qui n’a pas marché pour trouver des solutions et les appliquer lors des prochaines compétitions. Avant le Tour du Faso, je pense qu’on a un certain nombre de compétitions et on va pouvoir peaufiner les différentes tactiques. Nous avons une nouvelle équipe fédérale, nous avons également un nouvel entraineur et une nouvelle équipe, donc on peut dire entre guillemets qu’on est en plein rodage.

LI : Vous aviez dédié votre victoire de la dernière étape du Tour du Cameroun aux victimes de l’attaque de Solhan. Quel commentaire faites-vous ?

D.P : C’était très émouvant lorsqu’on a appris la nouvelle. Au Cameroun c’était dure et on se disait que pendant que nous sommes ici des drames se passaient au pays. Nous avons tous été choqué en apprenant la nouvelle. C’était une matinée difficile pour toute la délégation. L’ambiance n’y était vraiment pas et on était tous triste. Mais bon, on était déjà sur le terrain, on avait déjà pris cet engament là, il fallait qu’on le tienne. L’objectif pour moi c’était de remporter cette étape pour faire plaisir à tous ceux qui me suivent. C’était important de se dire qu’on a été touché mais on n’est pas abattu moralement.

Vraiment pour moi c’était un double défi de remporter cette étape avec le maillot vert. Une anecdote, depuis 2020 excepté la tropicale Amissa Bongo, j’ai toujours remporté les dernières étapes des différents Tours. C’est le cas au grand prix Chantale Bya, au tour du Mali, au Tour du Bénin. Forcement, le tour du Cameroun sonnait comme un challenge pour moi.  Vraiment c’était un double challenge de pouvoir remporter cette dernière étape. On était très content de le faire pour le peuple Burkinabè.

LI : Comment se déroule votre préparation pour les jeux olympiques 2021 à Tokyo ?

D.P : Le faite de participer à beaucoup de compétitions fait partie de la préparation. Si on veut faire une analyse en termes de statistiques, on peut remarquer que j’ai été présent dans toutes les sélections nationales depuis le début de l’année. Ce qui commence la préparation des jeux olympiques. La fédération est bien au courant de ma sélection et l’objectif pour eux c’est de me faire participer là un maximum de compétitions, de me mettre en jambe et dans mes meilleures conditions.

Il y a aussi un constat qui est là, beaucoup de gens me demandent pourquoi je ne suis pas allé en Europe me préparer comme certains de mes collègues, à l’instar de Hugues Fabrice Zongo et Marthe Koala qui sont en Europe pour se préparer. Il faut savoir à ce sujet qu’il n’ y a pas de courses actuellement en Europe. Avec le contexte sanitaire, c’est très difficile d’organiser une course. Parce que le protocole sanitaire est difficile là-bas et  la pandémie est très compliquée. Et comme le vélo est un sport de grand public, seules les compétitions de très hauts niveaux ont pu être maintenues à cause des enjeux financiers. Leurs poids financiers peuvent supporter les protocoles sanitaires, les tests covid.

Mais les petites courses amateurs ont tous été annulées et c’est pénalisant pour moi d’aller en Europe parce que je serai dans un environnement vraiment compliqué. Avec les restrictions de sorties, c’est compliqué de s’entrainer. Il y a certaines régions en Europe, ou on a juste un périmètre de dix kilomètres pour pouvoir circuler et faire un entrainement, ce qui n’est pas intéressant pour une compétition.  Il a décidé, l’équipe et la Fédération, de prendre le pari de rester ici et de participer à un maximum de compétitions pour rester en jambe. On voit que cela porte des fruits et aux tours du Bénin et du Cameroun on a répondu présent.

Une anecdote, lorsque j’ai gagné la dernière étape du Tour du Cameroun, le hollandais qui était derrière  moi était vainqueur d’étape au Tour du Faso en 2019. Il se trouve que sa dernière compétition était le Tour du Faso 2019. C’est -à dire qu’il fait une année blanche en 2020 sans compétition et en 2021 ce n’est qu’au mois de juin qu’il a pu reprendre la compétition. C’est très pénalisant. Pendant ce temps, j’ai eu au moins 20 jours de course en 2021. C’est donc mieux pour moi de rester me préparer ici.

LI : Comment avez-vous accueilli la disparition de Francis Ducreux ?

D.P: C’était vraiment très dure. On ne s’y attendait pas. La mort existe mais on ne s’y attendait vraiment pas. C’était brusque. C’était très émouvant pour moi. C’est un monsieur que j’ai pu rencontrer depuis le début de ma carrière. On était assez-proche, puisqu’il était régulièrement sur le terrain des différentes compétitions, sur le boulevard Charles de Gaulle, sur le Tour du Faso, sur le Tour du Togo, sur le Tour du Congo, c’est-à-dire partout où il était organisateur.

On était tout le temps ensemble en dehors du vélo. Il a été d’une précieuse aide pour moi. Il a été aussi professionnel dans sa jeunesse. Il apportait beaucoup au cyclisme burkinabè de part ses conseils et de par son expérience. Sa sagesse faisait qu’il était élément incontournable. On se sent orphelin parce qu’il était notre père, il nous prenait pour ses enfants cyclistes. Sa disparition a été une source de motivation pour moi, parce qu’il ne sert à rien de se morfondre. Il fallait lever la tête et lui rendre hommage de la plus belle manière afin de continuer la tradition qui est de soulever les bras, synonyme de victoire pour lui.

LI : Est-ce qu’il y a des problèmes avec les paiements des primes au niveau de la Fédération Burkinabè de Cyclisme ?

D.P: Je peux dire que le cyclisme burkinabè s’en sort bien en termes financiers. Parce que lors de nos voyages nous discutons avec les coureurs d’autres pays. Et c’est là qu’on se rend compte que nous sommes les mieux traités dans ce domaine. On peut dire que la Fédération et le ministère en charge des sports ont à cœur de bien faire les choses et dans le strict respect des règles.

Depuis que j’ai commencé le vélo je n’ai jamais entendu parler des cas d’impayés ni des primes qui n’ont pas été versé aux coureurs ou que la Fédération prélève dans les primes. Il faut savoir que lorsqu’on part à une compétition, nous avons une prime de sélection et les prix qu’on remporte au niveau de la compétition, à notre retour, cela revient entièrement aux coureurs.

La fédération ne prélève aucun centime dans le gain des coureurs. Alors que dans certaines fédérations, c’est le cas. Certes que je ne peux pas citer les noms de ces fédérations mais elles prélèvent un certain pourcentage sur les primes des coureurs pour pouvoir faire fonctionner la structure. Ce qui n’est pas le cas chez nous. Je ne sais pas comment notre fédération fonctionne mais elle ne touche pas à nos primes. La totalité des primes qu’on gagne nous revient. C’est vrai que les primes ne sont pas conséquentes mais des efforts peuvent être fournis pour les rehausser.

Un exemple, lorsque le vainqueur du championnat national touche un million de franc CFA et si vous êtes 10 coureurs d’un même club à partager la somme, cela devient dérisoire. Il y a une volonté de la fédération d’obtenir des fonds pour rehausser le niveau de vie des coureurs. Ce n’est pas seulement pour mener une belle vie qu’il faut donner de l’argent à un athlète. Le fait d’avoir des ressources stables permet au sportif de se concentrer dans sa discipline sans trop de soucis matériels. La Fédération est consciente de cela et elle est entrain de travailler pour y arriver.

LI:  Vous avez célébré votre victoire au Bénin en soulevant votre vélo pour traverser la ligne d’arrivée. Quelle était la symbolique de ce geste ?

D.P : C’était un rêve que j’avais quand j’ai commencé le vélo. J’ai commencé le vélo en 2017 à l’époque, cette manière de célébrer la victoire a été réalisée par le cycliste Belge Philip Gilbert qui était champion de Belgique et champion du monde. C’est un des meilleurs coureurs de ces dernières décennies. Il a gagné une course prestigieuse avec suffisamment d’avance sur le chrono. Il a eu le temps de soulever son vélo pour franchir la ligne d’arrivée en guise d’hommage à son vélo.

Parce que c’est sa monture qui lui a permis d’aller jusqu’au bout. Moi quand j’ai vu cette célébration, ça m’a mis des étoiles plein les yeux. Et cela m’a servi de motivation. Je me suis dit qu’un jour je serai suffisamment fort pour réaliser, pour célébrer de cette manière ma victoire. A la troisième étape du Tour du Bénin, j’ai eu la chance de creuser suffisamment l’écart et je me suis dit qu’à quelques mètres de la ligne d’arriver je pouvais réaliser mon rêve. J’ai donc soulevé mon vélo pour franchir la ligne d’arrivée. Si certains ont bien pris mon geste, par contre d’autres l’on mal pris.

C’est normal car on ne peut être aimé par tout le monde. Certains ont pris ça comme de l’arrogance mais avec le respect que j’ai pour mes adversaires, ce n’est pas de l’arrogance. C’était un rêve pour moi d’avoir une photo en franchissant la ligne d’arriver avec mon vélo sur la tête. C’était aussi une manière pour moi de remercier mon vélo et la fédération, parce que c’est la fédération qui a mis le vélo à ma disposition.

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