L’audience relative l’affaire de viol présumé à l’Hôpital Yalgado Ouédraogo s’est poursuivie dans la soirée de ce 28 mars 2025 au Tribunal de grande instance (TGI) Ouaga I. Le parquet a requis, à la suite des débats, une peine d’emprisonnement de 10 ans et une amende ferme de 2 millions FCFA.
Par Prisca Konkobo
Après les débats, la parole a été donnée pour la constitution de parties civiles. Les avocates de la victime se sont évertuées à prouver la véracité des déclarations de leur cliente. Pour ce faire, elles font référence au certificat médical qui a été établi. « Ce qui est constant, c’est que les médecins disent qu’au coin du coude de la victime, il y a une marque qui laisse voir qu’elle a été effectivement piquée», déclare l’une d’elles.
Celle-ci note également la constance de la victime dans la narration des faits. « Elle est restée constante et a donné la même version. Qu’est-ce que cette dame, qui a accompagné son mari dans un état critique, a à fourrer son nez dans les histoires de sexe? Qu’est-ce qu’elle avait à aller dans la salle de garde? Qu’est-ce qu’elle gagne à accuser un infirmier de l’avoir violé s’il ne l’avait pas fait ?», s’interroge-t-elle.
La victime s’est donc constituée partie civile et réclame les frais d’examen qui s’élèvent à 62 900 FCFA, des frais d’ordonnance de 12 895 FCFA et des frais de carburant 100 000 FCFA . Même si « on ne pourra jamais dédommager une femme qui a subi de telles peines », au titre des dommages et intérêts, la partie civile réclame la somme de 20 millions FCFA. Elle réclame également 1 million FCFA au titre des frais non exposés dans les dépends. La victime demande enfin au Tribunal d’assortir la décision d’une exécution provisoire et de fixer la contrainte judiciaire au maximum.
10 ans de prison ferme requis
Le parquet est revenu sur le certificat médical établi. Il a souligné que le certificat a été établi cinq jours après à l’Hôpital Schiphra. « Rien n’a été trouvé dans le liquide séminal car au-delà de 72 heures après des relations sexuelles, c’est difficile de trouver encore des spermatozoïdes. mais la trace de piqûre est là », déclare la procureure.
Pour le parquet, la culpabilité du prévenu est avérée et les faits ne sont pas infondés. Elle trouve « inconcevable qu’un infirmier, qui a plus de 10 ans d’expériences, puisse se livrer à de telles bassesses. Comment peut-on envisager d’avoir des relations sexuelles avec la femme de son patient mourant ? », s’interroge-t-elle. La procureure a requis une peine d’emprisonnement de 10 ans et une amende de 2 millions, le tout ferme, à l’encontre du prévenu K.A.
L’Hôpital réfute sa responsabilité
L’Hôpital Yalgado Ouédraogo est cité comme civilement responsable dans l’affaire di viol présumé en son sein. Une accusation qu’il réfute. « Lorsque le fonctionnaire est condamné pour faute personnelle, la responsabilité civile de l’institution ne se substitue pas de plein droit à celle du fonctionnaire », plaide l’agent judiciaire de l’Etat. Il a demandé au Tribunal de mettre l’Hôpital hors de cause dans cette affaire .
La défense demande la relaxe du prévenu
Pour l’avocat de la défense, les faits reprochés à son client sont totalement infondés, d’autant plus que ce dernier «n’a jamais reconnu les faits». Il s’inscrit en faux contre les déclarations du parquet qui affirment que le certificat médical a été établi 5 jours après l’abus sexuel. Il déclare que le certificat a été établi le lendemain et si rien n’a été trouvé, c’est parce que rien ne s’est passé.
Plusieurs témoins ont déclaré qu’aux premières heures de la présumée forfaiture, le prévenu K.A a demandé pardon. Pour son avocat, il y a un malentendu. « Il a demandé pardon mais il n’a jamais reconnu les faits. Il a demandé pardon parce que les amis du défunt mari menaçaient d’appeler les forces d’autodéfense abusivement appelées Kolgweogo», dit-il .
Il estime encore que la victime n’est pas cohérente dans ses propos. Il demande donc au tribunal de renvoyer le prévenu K.A des fins de la poursuite. Autrement dit, de le relaxer. Le tribunal a fixé la date du délibéré au 4 avril 2025.