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Procès putsch manqué : ‘’Ce que j’ai fait, c’est ce qu’un chef militaire doit faire’’ Commandant Abdoul Aziz Korogo

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L’audition du Commandant Abdoul Aziz Korogo, chef de corps par intérim du RSP, débuté le 5 novembre 2018, se poursuivait ce mardi 6 novembre 2018. Il est épinglé pour meurtre, coups et blessures volontaires et complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat. Il rejette toutes les accusations et tente de clamer son innocence.

Pour cette deuxième journée de l’interrogatoire du commandant Abdoul Aziz Korogo, la parole est aux avocats des parties civiles et à ceux de la défense. Tous les avocats des parties civiles, ont félicité le commandant Abdoul Aziz Korogo pour la conformité et la constance de ses déclarations mais également sa reconnaissance du rapport d’expertise le concernant. « Le commandant Korogo est un officier qui fait honneur, car il ne fuit pas ses responsabilités. Il s’assume. Il se retient aussi de dire des choses qui pourraient être dérangeantes pour ses frères d’armes », affirme Me Hervé Kam. Le commandant a aussi répondu à toutes les questions, selon les autres avocats des parties civiles. Après ces félicitations, s’en est suivie une batterie de questions des avocats des parties civiles afin de comprendre son implication dans le putsch.

Me Prosper Farama : Vous dites être resté militaire pendant le putsch et même demandé à vos hommes de l’être. Mon commandant, « quand un homme prend en otage un président de la république, comment qualifiez- vous militairement cet homme ?», demande Me Prosper Farama. « Ce que je sais, c’est que j’ai failli à ma mission qui était de protéger le chef de l’Etat », répond le Commandant Abdoul Aziz Korogo. L’avocat rétorque « je ne vous demande pas d’apprécier votre mission ». Me Farama poursuit « selon moi, quand quelqu’un prend en otage un président, il est l’ennemi de la république. Est-ce que vous partagez cet avis ? ». « Je prends acte », répond le commandant Korogo. L’avocat serein, progresse dans ses questions. « Quand le général dit, les autorités ont été arrêtés, de l’excuser de ne vous avoir pas informé, mais vous demande de l’accompagner. De l’accompagner dans quoi ? Est-ce que vous avez compris son message ?

« Je crois qu’il nous demande de l’accompagner dans son aventure.  Mais je lui ai demandé s’il avait l’appui de l’armée. Je pouvais ne pas lui demander puisque je n’étais pas le seul officier », réplique le Commandant. Pour le client de Me Willy Dieudonné, il fallait garder son sang-froid devant les officiers qu’il commande. L’inculpé rappelle que le bâtiment dans lequel ils tenaient la rencontre était gardé et un soldat armé était même dans la salle. Ce qui est inhabituel puisque le camp est déjà sécurisé et l’on avait plus besoin de garder le bâtiment. Et généralement, un soldat ne participe pas aux réunions des officiers. L’accusé demande au tribunal de comprendre le contexte dans lequel les choses se sont passées. « Dans ces situations, il ne faut pas jouer au Rambo. Sinon, vous allez mourir pour rien et le peuple burkinabè ne vous considèrera pas comme un martyr », relève- t-il. Comme pour faire revivre au tribunal et à l’assistance, ce qu’ils ont vécu lorsque le général Gilbert Diendéré est venu accompagné d’un soldat armé pour leur annoncer le putsch, il dira « si un individu armé entre dans cette salle et pose une question à tout le monde, c’est sûr qu’on n’aura pas les mêmes réponses même le juge ». Donc, « ce que j’ai fait, c’est ce qu’un chef militaire doit faire ». « J’admire votre courage », réplique Me Prosper Farama.

Une autre question. « A quoi ont servi les laissez-passer que vous avez signés ? », demande Me Awa Sawadogo. « C’était à l’arrivée des chefs d’Etats, pour faciliter leur mobilité puisque les rencontres se passaient dans la nuit ».

Me Hervé Kam enchaîne « vous avez dit que lorsque vous preniez fonction, il y avait une grande fracture et que les sous-officiers se réunissaient à l’insu des officiers. Est-ce que vous confirmez ? Oui, je le confirme.  J’ai rendu compte de la situation au colonel-major Boureima Kiéré, chef d’état-major particulier de la Présidence du Faso. Il m’avait promis de résoudre ce problème mais rien n’a été fait jusqu’à ce que les évènements surviennent ».

Pour le conseil, le fait que le commandant veuille quitter dès le 17 septembre 2015 le RSP est une preuve qu’il ne voulait pas participer à la consolidation et la consommation du putsch. Toujours pour le conseil, c’est sous les ordres, la demande de la hiérarchie que le commandant Korogo est resté pour contribuer à la résolution de la crise. Donc pour la partie défense, leur client n’a pas commis d’actes qui tendent à consolider le putsch.

L’interrogatoire du commandant Abdoul Aziz se poursuivra le mercredi 7 novembre 2018, au tribunal militaire de Ouagadougou à partir 9h.

 

Siébou Kansié

ksiebou@gmail.com

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