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Fermeture des maquis et bars : « Cette mesure (…) va rendre la vie impossible », dixit Abraham Oualasse, grilleur de poulet

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Depuis le 25 mars dernier où la mesure consacrant la fermeture au public des bars, maquis et restaurants, le marché de la grillade à  Ouagadougou est en souffrance. Même les acteurs dudit secteur sont autorisés à servir des plats à emporter, cela semble ne pas faire leur affaire, puisque, confient-ils, certaines personnes aiment naturellement s’asseoir et manger sur place avec des amis. C’est, du moins, une mesure qui est diversement appréciée par les tenanciers de maquis et les responsables de grillade dans ce reportage que nous vous proposons.

Par la Rédaction

Mardi 30 mars 2020, il était 13h lorsque nous arrivions au maquis ‘’les Nimiers de Kosyam’’, situé sur la route de Pô, sortie Sud-est de Ouagadougou. Les instants sont, en général, ceux de pleine occupation des tenanciers de maquis et bars, ainsi que des grilleurs de viandes avoisinants.  Mais ce jour, le lieu est désert. Des véhicules garés, sans toutefois de clients assis. Mais entre-temps, un groupe d’hommes prennent place. Approchés, ils se refusent tout commentaire…notamment par rapport à la mesure concernant les bars et maquis dans ce contexte de lutte acharnée contre le Covid-19.

En face de ce débit de boissons, Abraham Oualasse et son équipe s’occupent de la grillade. A notre arrivée, un seul poulet était au feu. Les visages sont crispés. « Plus rien ne marche », a laissé entendre un membre de l’équipe. Et Abraham Oualasse d’enchainer,  « Cette mesure, si elle doit durer, va rendre la vie impossible. Avant, à cette heure pareille, personne n’a le temps ici, tellement qu’on est débordé par les commandes. Mais aujourd’hui, vous-même vous voyez, un seul poulet au feu. On n’a pas pu vendre plus de six poulets depuis que nous sommes là. Avant, on pouvait vendre plus de 60 à 100 poulets par jour. Mais maintenant, il n’y a plus de marché. On ne vend pas plus de six. C’est dur ».

A la cave Poulima, située à côté du Palais des sports de Ouaga 2000, le constat est le même. Aucun client sous les arbres. Pour qui connait ce lieu, à partir de 12h-13h, c’est le pic. « Avant, à cette heure pareille, toutes les places assises sont occupées », nous confie Mme Oulao, responsable de la grillade. Elle offre une spécialité ivoirienne, notamment du poulet et du poisson piqué qui sont très appréciés par les Burkinabè.

A l’impossible, nul n’est tenu

« Moi, je ne suis jamais venu ici. Je passais et le décor, la disposition des poulets et poissons piqués sur des bois m’a attiré. J’ai pris un poulet à 4000F pour la famille. Moi, je n’ai pas l’habitude de manger dehors. Mais les mesures gouvernementales pour contrer le Covid-19 constituent une bonne chose. C’est vrai qu’avant on avait souvent des invités qu’on amenait dans les maquis pour leur offrir un pot. Mais à l’impossible, nul n’est tenu », témoigne Adama Drabo, un client.

« Depuis l’instauration du couvre-feu, suivie de la fermeture des maquis et bars, notre marché a baissé. Avant, on vendait jusqu’à 20h et même au-delà. Mais maintenant, on est obligé de plier bagages avant 19h. Nous avons scindé notre personnel en deux groupes qui se relaient. », nous confie Mme Oulao.

Contrairement au premier maquis où la grillade manquait de marché, chez Mme Oulao, les commandes se font même par téléphone. Le coin ne désemplit pas. Les clients, qui en véhicule, qui à moto, s’arrêtent pour payer soit un poulet ou un poisson piqué à emporter. Mais dame Oulao, assure que son marché est très touché par ces mesures prises pour contrer le covid-19. « Avant, quand il était possible pour les clients de s’asseoir boire et manger, on vendait plus. »

Néanmoins, la responsable du ‘’Poulets et poissons piqués du Faso’’ dit apprécier l’ensemble des mesures qui permettront de contenir la maladie à coronavirus. Car de son avis, « rien ne vaut la santé ».

Ces mesures, ont un impact sur les activités de tous

A la Patte-d’Oie, nous faisons une escale chez Mme Ouédraogo. Cette dame est connue pour sa spécialité : ‘’Le poulet Choco’’. Il s’agit des poulets grillés à l’ail. « Ses poulets me plaisent. C’est à l’ail et j’aime ça », appréciait un homme d’une cinquantaine d’année venu chercher sa commande. Pour un autre qui a requis l’anonymat, ‘’le même poulet consommé dans un maquis ou à la maison n’a pas le même goût’’. Et d’ajouter, ‘’Que cette salle maladie passe pour que nous reprenions le cours normal de nos vies’’.

En temps normal, les employés de Mme Ouédraogo n’ont pas de repos à certains moments de la journée. Mais ce 30 mars à 14h15, il n’y a presque rien à faire. « Ces mesures, ont un impact sur les activités de tous. Ici, hier, nous n’avons pas vendu parce que nous n’avons pas eu de poulets », révèle Mme Ouédraogo. Et de pouffer, « Que le Seigneur nous délivre de cette situation ».

La maladie à coronavirus sévit à travers le monde. A ce jour, elle a touché près 200 pays avec plus 700 mille personnes contaminées ; près de 35 mille cas de décès et plus de 150 mille cas de guérison, selon le chef du gouvernement ivoirien, Amadou Gon Coulibaly.

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